Page 29 - Sous le Signe de l'Abondance
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Chapitre 5
La spécialisation — La machine
À mesure que la production progresse, le producteur se spé-
cialise. Cette spécialisation est elle-même facteur d’une plus grande
production totale, avec moins d’efforts pour chacun.
Depuis longtemps déjà, des hommes cultivent la terre, pendant
que d’autres fabriquent des étoffes, que d’autres s’emploient au
transport, d’autres à des services de diverses sortes.
Mais la spécialisation s’accentue, même sur les fermes, et sur-
tout dans l’industrie. Des travailleurs ne font plus qu’une parcelle,
toujours la même parcelle, du produit fini.
Au point de vue rendement, cette division du travail est certai-
nement avantageuse, mais elle nécessite, pour la satisfaction des
besoins des consommateurs, beaucoup plus de recours à l’échan-
ge. Parallèlement au développement de la division du travail, de la
spécialisation, il faut donc un développement de souplesse dans le
mécanisme des échanges.
La division du travail a favorisé l’invention de la machine. En
effet, plus la division est poussée, plus uniformément répété, plus
automatique devient le mouvement de l’ouvrier qui exécute sa tou-
te petite partie du tout. De là à remplacer la main humaine par la
main mécanique, il n’y a qu’un pas.
L’introduction de la machine contribue à augmenter la pro-
duction, tout en diminuant le travail de l’homme.
La division du travail et l’introduction de la machine sont en
parfait accord avec le principe déterminant de la vie économique
dans le domaine de la production: le maximum d’effet avec le mi-
nimum d’effort.
Mais cette division du travail et cette introduction de la ma-
chine posent des problèmes qu’on n’a pas encore su résoudre.
Si la division du travail a pour résultat d’abréger, presque de
supprimer, le temps nécessairre à l’apprentissage, elle a pour in-
convénient de transformer le travail en une véritable besogne. Quoi
d’ennuyant et d’abrutissant comme de répéter heurre après heure,
jour après jour, le même mouvement, le même geste, sans avoir
la satisfaction de réfléchir, de combiner, d’appliquer son cerveau!
C’est le cas dans bien des rayons. Les facultés créatrices de l’hom-