Page 28 - Sous le Signe de l'Abondance
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2    Chapitre 4

        dont se comportent ces deux sortes de biens vis-à-vis du niveau de
        vie des consommateurs, au moins sous le régime actuel.
            On sait que, pour acheter les produits qui sont sur le marché,
        il faut de l’argent. L’argent est surtout obtenu par des salaires. Les
        salaires sont distribués aux employés, qu’ils travaillent à produire
        des biens de capital ou des biens de consommation.
            Un homme produit des biens vendables, disons des chaussu-
        res. Avec son salaire, il peut acheter des chaussures, mais jamais
        toutes les chaussures qu’il fait. Un autre travaille dans une usine de
        guerre. Avec son salaire, il n’achète ni obus ni mitrailleuse, mais
        des choses vendables, telles que les chaussures. Les deux slaaires
        combinés ont plus de chance d’écouler la production du premier
        salarié.
            Ce qui veut dire que les salaires obtenus pour la production
        de biens de capital s’ajoutent aux salaires obtenus pour la produc-
        tion de biens de consommation — ce qui permet plus facilement
        d’écouler les biens de consommation, les seuls mis en vente.
            C’est pour cela que les développements industriels entraînant
        des constructions nouvelles, ou la guerre entraînant la fabrication
        d’armements, apportent une espèce de prospérité en permettant
        d’acheter des choses qui autrement seraient immobilisées en face
        du manque d’argent. De là le dicton populaire: Quand le bâtiment
        marche, tout marche. De là cette réflexion qui pourrait paraîte cy-
        nique mais qui exprime tout de même un fait courant: Une bonne
        guerre ramènerait la prospérité (par l’emploi).
            De ce fait, la guerre est encore plus efficace que le bâtiment. S’il
        s’agit, en effet, d’un développement industriel ordinaire, l’usine, une
        fois terminée, jette sur le marché des produits qui doivent récupé-
        rer les frais de l’usine; le problème du manque de pouvoir d’achat
        n’en devient que plus aigu. La guerre, elle, les usines de guerre, ne
        placent aucun produit sur le marché, elles détruisent même, elles
        restreignent la production de biens utiles, en accaparant les bras et
        les machines, et cela tout en continuant de distribuer des salaires à
        ceux qui ne travaillent que pour la destruction.
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