Page 32 - Sous le Signe de l'Abondance
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Chapitre 6
                Pauvreté en face de l’abondance


            L’abondance introduite dans le monde depuis que l’homme a
        trouvé moyen de transformer l’énergie et d’atteler à son service
        les forces de la nature, devrait se réfléchir en sécurité économi-
        que pour tous, en confort au moins modeste dans tous les foyers,
        en une ère de bonnes relations sociales entre individus et nations,
        dans la joie et dans la paix.
            Tout autre, hélas! est le tableau qui frappe les yeux dans tous
        les pays du monde civilisé.
            Face à l’abondance qui s’accumule, sauf quand on la détruit en
        temps de guerre, s’étale la misère la plus dégradante.
            Elévateurs et entrepôts regorgent; vitrines, journaux, radio et
        agents proclament partout les produits les plus divers. Et pendant
        ce temps-là, dans les maisons, on se prive de nourriture, on fait
        durer les guenilles et les vieux meubles.
            «Quel pourcentage de notre population ne fait qu’exister, au
        lieu de mettre à profit la richesse disponible et suffisante pour
        vivre  dans  un  confort  raisonnable?»  (Rév.  Charles  E.  Coughlin,
        Money, p. 26.)
            Mais des citations sont à peine nécessaires. La plupart des lec-
        teurs n’ont qu’à examiner leur cas personnel et celui de leurs voi-
        sins. Qui donc est aujourd’hui assuré du lendemain?
            Personne ne doute que, demain, le Canada puisse continuer
        à fournir abondamment ce qu’il faut en fait de nourriture, de vête-
        ment et de logement. Non; mais combien sont sûrs d’en avoir une
        part suffisante pour eux et leur famille, demain, après-demain, l’an
        prochain?
            Le chiffre des chômeurs, des hommes et des établissements
        mis  en  congé  devrait,  logiquement,  indiquer  une  surabondance
        de biens, la saturation de la consommation. Il exprime surtout des
        souffrances, du dénument, du désespoir.
            Les biens sont là, les besoins en face. Pourquoi les biens ne
        viennent-ils pas combler les besoins? Qu’est-ce qui empêche donc
        l’économie d’atteindre sa fin?
            Pourquoi les consommateurs qui ont tant de besoins non satis-
        faits ne tirent-ils pas sur ces bniens préparés pour eux?
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