Page 201 - Sous le Signe de l'Abondance
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À César ce qui appartient à César... 201
tellement César occupe de l’importance, de la place, du temps dans
leur discours.
Et même dans cette première partie de la citation, il est plus que
rare d’entendre faire remarquer le caractère limitatif des mots «ce
qui appartient à César». Limitatif, parce que tout ne lui appartient
pas. Apparemment, d’après les prédicants de l’impôt, il faudrait
donner à César tout ce qu’il demande. Or, les Césars ont commu-
nément l’habitude d’avoir beaucoup d’appétit, sans trop se soucier
de savoir s’il n’y a pas des choses qui sont dues à ceux qu’ils pres-
surent.
César, bien entendu, c’est le gouvernement. Ou mieux, les gou-
vernements, car on a autant de Césars qu’il y a d’échelons dans la
structure politique du pays. Au Canada: Césars municipaux, Césars
provinciaux, Césars fédéral. En attendant qu’on nous afflige d’un César
«supranational» à juridiction mondiale, pour couronner la pyramide.
Mais est-ce qu’une chose «appartient à César» par le seul fait
qu’il la demande?
Limites au pouvoir de César
«Rendre à César ce qui appartient à César» ne doit pas être in-
voqué pour autoriser César à prendre ce qui ne lui appartient pas.
Ni pour lui permettre d’enlever au peuple ce qui appartient au peu-
ple pour le passer à Mammon. Or, le gouvernement, tous les gou-
vernements aujourd’hui commettent ces deux fautes-là.
S’il faut rendre à César ce qui appartient à César, il faut d’abord,
et avec plus de scrupule, laisser à la personne ce qui appartient à la
personne, laisser à la famille ce qui appartient à la famille.
La personne a priorité sur toutes les institutions, financières,
économiques ou politiques, priorité sur les gouvernements eux-
mêmes. On ne saurait trop le répéter, tellement l’idée contraire pré-
vaut généralement dans la pratique.
«La personne humaine doit être placée au premier rang des
réalités terrestres.» (Pie XI, encyclique Divini Redemptoris.)
«C’est la personne humaine que Dieu a placée au faîte de l’uni-
vers visible, la faisant, en économie comme en politique, la mesure
de toute chose.» (Pie XII, lettre au président des Semaines Sociales
de France, le 14 juillet 1946.)
La personne naît dans une famille. Elle est élevée dans une fa-
mille. La famille est la seule société temporelle établie directement
par Dieu. C’est d’ailleurs la cellule du corps social.