Page 202 - Sous le Signe de l'Abondance
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202   Chapitre 41

            Lorsqu’un  César,  le  César  municipal,  enlève  à  une  famille  la
        maison où elle élève ses enfants, pour la seule raison que cette
        famille n’a pas assez d’argent pour payer ses taxes, ce César-là vole
        cette famille d’un bien à elle, dont elle a besoin pour la vie normale
        des personnes qui la composent. César se fait voleur.
            De même, lorsqu’un César, provincial ou fédéral, par ses im-
        pôts, par ses taxes, directes ou indirectes, tranche dans le revenu
        nécessaire à la vie d’une personne, d’une famille, ce César-là vole
        la personne, la famille, d’un bien qui lui appartient. César se fait
        voleur.
            César n’a pas ce droit-là. Il ne lui est pas permis de vivre aux
        dépens de la vie normale de la personne, au détriment de la vie de la
        famille, cellule de la société. C’est porter atteinte à la santé de la so-
        ciété elle-même. De par sa fonction propre, César doit, au contraire,
        protéger les droits et les biens des personnes, des familles.
                              La part de César
            Mais il faut tout de même rendre à César ce qui appartient à
        César. Oui, lui accorder, non pas tout ce dont il veut ou peut s’em-
        parer, mais ce qui lui appartient.
            Et qu’est-ce qui appartient à César? Nous croyons pouvoir le
        définir ainsi: Ce qui est nécessaire à César pour accomplir ses fonc-
        tions.
            Cette  définition  semble  admise  implicitement  par  César  lui-
        même, par le gouvernement, quand il dit à ceux qui se plaignent
        du  fardeau  des  impôts:  «Plus  le  peuple  demande  de  choses  au
        gouvernement,  plus  le  gouvernement  a  besoin  de  moyens  pour
        l’accomplir.»C’est vrai. Mais pour accomplir ses fonctions propres,
        César ne doit pas recourir à des moyens qui empêchent les person-
        nes, les familles d’accomplir les leurs.
            D’ailleurs,  César  est  toujours  tenté,  pour  accroître  son  impor-
        tance, de s’emparer de fonctions qui sont bien plus du domaine des
        familles, des organismes dits inférieurs, que du sien propre. Puis, en-
        core, les citoyens recourraient bien moins à César, si César commen-
        çait par supprimer un obstacle que lui seul a le pouvoir de supprimer
        — l’obstacle artificiel créé par un système financier en désaccord
        avec  les  immenses  possibilités  de  satisfaire  les  besoins  matériels
        normaux de tous les individus, de toutes les familles du pays.
            Parce qu’il n’accomplit pas ce redressement, que lui seul peut
        accomplir, César sort de son rôle, accumule des fonctions, s’en
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