Page 203 - Sous le Signe de l'Abondance
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À César ce qui appartient à César... 203
autorise, pour imposer des charges lourdes, parfois ruineuses, aux
citoyens et aux familles. Il devient ainsi l’instrument d’une dicta-
ture financière qu’il devrait abattre, et l’oppresseur de citoyens et
de familles dont il est censé protéger la vie et les biens.
La vie de l’individu n’appartient pas à César, mais à Dieu. C’est
un bien sur lequel Dieu seul a droit, que personne, pas l’individu
lui-même, n’a le droit de supprimer ni de raccourcir délibérément.
Et si César, par ses exactions, coupe la vie d’un individu, s’il le place
dans des conditions qui abrègent ses jours, alors César prend ce
qui ne lui est pas dü, ce qui appartient à Dieu.
La personne et la famille sont une création de Dieu, que César
ne doit ni détruire ni s’approprier, dont il doit au contraire protéger
l’intégrité et les droits contre quiconque cherche à y porter atteinte.
Devant les besoins de César
Mais César a tout de même des fonctions à accomplir qu’on ne
peut songer à confier à des particuliers. Il est des services et des
biens matériels qu’on ne peut bien obtenir que de César — disons,
par exemple, une armée pour défendre le pays en cas d’attaque,
une police pour maintenir l’ordre contre ceux qui voudraient le
troubler, la construction de routes, de ponts, de moyens publics
de communication entre les diverses agglomérations du pays. Il
faut bien fournir à César les moyens de rendre ces services et de
procurer ces facilités à la population.
Certainement. Mais de quoi César a-t-il besoin pour y pourvoir?
Il a besoin de ressources humaines et de ressources matérielles. Il
a besoin de pouvoir employer des hommes et utiliser des maté-
riaux, des forces motrices et autres moyens de production.
César a besoin d’une partie de la capacité de production du
pays. Et dans un régime démocratique, c’est aux représentants at-
titrés du peuple qu’il appartient de déterminer quelle part de la ca-
pacité de production du pays pourra être dérivée vers les besoins
de César.
Si l’on veut bien penser ainsi en termes de réalités, on admettra
qu’il n’y a aucune difficulté à accorder à César une partie de la ca-
pacité de production du pays, tout en laissant à la disposition des
besoins privés une capacité de production capable de répondre
abondamment à tous leurs besoins normaux.
Employons le mot «taxer» dans son sens non rétréci de «met-
tre à contribution». On pourra dire que les besoins privés comme