Page 204 - Sous le Signe de l'Abondance
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204   Chapitre 41

        les besoins publics taxent (mettent à contribution) la capacité de
        production du pays. Quand je demande une paire de chaussures,
        je taxe la capacité de production de chaussures. Quand le César
        provincial fait construire un kilomètre de route, il taxe la capacité
        de production de routes pour une longueur d’un kilomètre. Avec la
        capacité moderne de production, il ne semble pas que la construc-
        tion de routes nuise à la fabrication de chaussures.
            C’est quand on cesse de considérer la situation en termes de
        réalités,  pour  s’exprimer  en  termes  d’argent,  que  les  difficultés
        commencent. La taxe prend alors un autre aspect et porte sur un
        autre endroit, sur les porte-monnaie. Si César taxe mon revenu de
        60$ comme contribution pour sa route, alors il m’enlève l’équiva-
        lent d’une paire de chaussures pour faire sa route. Pourquoi cela,
        alors que la capacité de production du pays pouvait lui fournir sa
        route sans m’enlever ma paire de chaussures?
            Pourquoi? — Parce que le système d’argent fausse les faits.
            — Mais il faut bien que César paie les hommes qu’il emploie.
        Il faut bien qu’il paie les matériaux qu’il achète d’un producteur de
        matériaux.
            — Assurément. Mais en définitive, qu’est-ce qu’il fait quand il
        paie, disons, 400 $ à un ingénieur? Il donne à cet ingénieur le droit
        de demander pour 400 $ de produits ou de services à la capacité
        de production du pays. Est-il nécessaire, pour satisfaire les besoins
        de l’ingénieur, de me priver du droit à une paire de chaussures? La
        capacité de production du pays ne peut-elle pas répondre aux be-
        soins de l’ingénieur sans diminuer la production de chaussures?
            Tout est là. Tant que la capacité de production du pays n’est
        pas épuisée, il n’y a nullement besoin de taxer le secteur privé pour
        subvenir au secteur public.
            Or, la capacité de production du pays est loin d’être épuisée,
        quand le problème du jour est justement de trouver des emplois
        pour des bras qui s’offrent et pour des machines en attente.
            Si  les  moyens  de  paiement  créent  un  problème,  c’est  parce
        qu’ils ne correspondent pas aux moyens de production. Les permis
        de tirer sur la capacité de production sont très inférieurs à la capa-
        cité de production disponible.
            Cette pénurie de de permis est une situation injustifiable, sur-
        tout quand le système d’argent est, comme aujourd’hui, un sys-
        tème de chiffres, une comptabilité. Si la comptabilité monétaire ne
        correspond pas à la capacité de production, ce n’est pas la faute
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