Page 144 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 144
144 Chapitre 32
est engouffré sans aucun profit, il me faut mon 100 $. Cela, c’est
l’intérét.
Nous ne voyons rien qui justifie cette réclamation, sauf l’habi-
tude reçue. Elle ne repose sur aucun principe.
Donc: dividende, oui, parce que c’est subordonné à une crois-
sance de la production. Intérêt, en soi, non, parce que c’est dissocié
des réalités, c’est basé sur la fausse idée d’une gestation naturelle
et périodique de l’argent.
Placements indirects
Dans la pratique, celui qui apporte son argent à la banque le
place indirectement dans l’industrie productive. Les banquiers sont
des prêteurs de profession, et le déposant leur passe son argent,
parce qu’ils sont mieux que lui capables de le faire fructifier, sans
qu’il ait à s’en occuper.
Le petit intérêt que le banquier inscrit au crédit du déposant de
temps en temps, même à taux fixe, est en réalité un dividende, une
partie des revenus que le banquier, avec le concours d’emprun-
teurs, a obtenus d’activités productrices.
Placements anonymes
En passant, disons un mot de la moralité des placements.
Bien des gens ne se préoccupent aucunement de l’utilité ou de
la nocivité des activités que leur argent va financer. Dès lors que ça
rapporte, disent-ils, c’est bon. Et plus ça rapporte, meilleur est le
placement.
Un païen ne raisonnerait pas autrement.
Si le propriétaire d’une maison n’a pas le droit de la louer pour
un bordel, alors que ce serait bien payant, le propriétaire d’épar-
gnes n’a pas plus le droit de les placer dans des entreprises qui
ruinent les âmes, même si elles remplissent des poches.
Il serait d’ailleurs bien préférable que le bailleur de fonds et
l’entrepreneur fussent moins dissociés. L’industrie moins grosse
d’autrefois était beaucoup plus saine: le financier et l’entrepreneur
étaient la même personne. Le marchand du coin est encore dans le
même cas. Pas le magasin à chaînes. La coopérative, l’association
de personnes, gardent la relation entre l’usage de l’argent et son
propriétaire, et ont l’avantage de permettre des entreprises qui dé-
passent les ressources d’une seule personne.
Dans le cas des compagnies qui émettent des actions sur le