Page 145 - Sous le Signe de l'Abondance
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L’argent doit-il réclamer  de l’intérêt?  145

        marché,  l’argent  vient  sans  son  propriétaire.  C’est  un  mal  géné-
        ralisé.  Nous  avons  déjà  expliqué  en  octobre  1942  comment  on
        pourrait graduellement y remédier, en introduisant la propriété cor-
        porative de la grande industrie. Les membres de l’industrie en de-
        viendraient graduellement les propriétaires, sans nuire aux intérêts
        acquis. Mais cela demanderait d’abord un système créditiste.
                       L’accroissement de l’argent
            A la question du début: L’argent doit-il réclamer de l’intérêt?
        nous sommes donc portés à répondre:
            L’argent peut réclamer des dividendes lorsqu’il y a fruits. Autre-
        ment, non.
            Si les contrats sont faits autrement, si le cultivateur doit rem-
        bourser des intéréts même quand ses récoltes sont manquées, si
        les  fermiers  de  l’Ouest  doivent  honorer  des  engagements  à  7%
        alors que les financiers qui mènent le monde causent la baisse des
        prix au tiers de ce qu’ils étaient, cela ne change rien au principe.
        Cela prouve tout simplement qu’on a substitué l’artifice à la réalité.
            Mais si l’argent a droit à des dividendes, lorsqu’il y a augmen-
        tation  de  la  production,  encore  est-il  que  cette  augmentation  de
        la production doit créer automatiquement une augmentation d’ar-
        gent. Sinon, le dividende, tout en étant parfaitement dans l’ordre,
        devient impossible à satisfaire sans porter atteinte au public d’où
        on l’extrait.
            Je disais tantôt: Si, grâce aux 5 000 $ qui m’ont permis d’acheter
        des instruments aratoires j’ai augmenté ma production, le prêteur
        a droit à une partie de ces bons résultats. Très bien, et rien de plus
        facile si je lui passe une partie de ces produits accrus. Mais si c’est
        de l’argent qu’il faut lui passer, c’est une autre affaire. S’il n’y a pas
        dans le public accroissement d’argent, ma production accrue crée
        un problème: plus de biens offertæ, pas plus d’argent en face. Je
        puis réussir à déplacer un autre vendeur, mais lui sera la victime.
            On me dira que le 5 000 $ a dû contribuer à augmenter l’argent
        en circulation. Oui, mais je dois repomper le 5 000 $ plus ce que
        j’appelle dividende, ce que d’autres appellent intérêt.
            Le  problème  n’est  donc  point  réglé.  Et  dans  notre  système
        économique, il ne peut pas l’être. Pour que l’argent augmente, il
        faut que la banque, seule place où se crée l’augmentation, en prête
        quelque part; et en le prêtant, elle en exige un remboursement éga-
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