Page 141 - Sous le Signe de l'Abondance
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Le Crédit Social met l’argent à sa place 141
d’achat de ceux qui ont besoin des produits.
Le remboursement des prêts bancaires à terme fixé et le sys-
tème fiscal actuel accentuent encore la discordance entre les prix et
le pouvoir d’achat. D’où l’accumulation des produits. D’où le chô-
mage, et le reste.
Eh bien, le Crédit Social corrigerait ce chaos Puisqu’il consi-
dère l’argent comme une comptabilité, il ajusterait constamment la
somme des prix et la somme du pouvoir d’achat, pour qu’ils s’équi-
librent. Il ferait simplement les opérations comptables nécessaires
pour réaliser l’accord.
* * *
Deuxièmement, la production ne distribue pas de pouvoir
d’achat à tout le monde. Elle n’en distribue qu’à ceux qui sont em-
ployés par elle. Et plus la production provient des machines, moins
elle provient du travail humain. Elle augmente alors même que
l’emploi nécessaire diminue. Il y a donc conflit entre le progrès qui
supprime le besoin de labeur, et le règlement qui ne distribue de
pouvoir d’achat qu’à l’emploi.
Pourtant, tout le monde a le droit de vivre. Et tout le monde a
droit aux nécessités de la vie. Les biens de la terre ont été créés
pour tous les hommes, pas seulement pour les employables.
C’est pourquoi le Crédit Social ferait ce que le système actuel
ne fait pas. Sans supprimer la récompense au travail, il distribuerait
à tous un revenu périodique, appelé dividende social — revenu lié
à la personne et non pas à l’emploi.
Et plus le progrès libérerait de l’emploi, plus le dividende pren-
drait de place dans le pouvoir d’achat. Ce serait faire tout le monde
bénéficier des fruits du progrès. Ce serait considérer tous les ci-
toyens comme sociétaires, ayant droit à une part de l’abondante
production résultant du progrès, capital commun, et non plus du
labeur individuel qui, lui, est reconnu par le salaire.
Ce serait une véritable libération, permettant aux individus de
s’épanouir, au lieu de les obliger à chercher des occupations maté-
rielles nouvelles, en suscitant des besoins matériels superflus, ou
en faisant travailler pour la destruction, comme dans les industries
de guerre.
Ce serait aussi la fin des rongeants et perpétuels soucis du len-
demain, dans un pays où l’on est sûr que les produits ne manque-
ront pas plus demain qu’aujourd’hui. Quel soulagement dans la vie
des individus et des familles!