Page 131 - Sous le Signe de l'Abondance
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La science appliquée, bien commun 131

        qui, sinon à toute l’humanité, à tous les hommes sans exception?
        Au petit qui vient de naître, au vieux qui ne peut plus travailler, au
        malade comme au bien-portant, à tous et à chacun sans exception
        et au même degré.
            Quant au matériel pour le barrage, il a été acheté et payé. Le
        travail pour le barrage a été payé en salaires.
            Ce qui est propriété privée a été reconnu et payé. Mais ce qui
        est propriété commune là-dedans a-t-il donné un revenu à tous et à
        chacun, puisque tous et chacun en sont co-propriétaires?
            Demandez  au  colon,  au  cultivateur  qui  ne  peut  électrifier  sa
        ferme, à l’ouvrier pauvre qui s’éclaire au pétrole ou ne s’éclaire pas
        du tout — demandez-leur quelle part de la production du courant,
        ou quelle part équivalente d’autres produits, ils ont reçue en retour
        de leurs droits de co-propriétaires.
            Nous pourrions aller plus loin. Il n’y a pas que la chute d’eau qui
        soit propriété commune. Il n’y a pas que la science qui soit propriété
        commune. Il y a l’organisation sociale, sans laquelle rien de toutes
        ces choses ne serait possible. L’organisation sociale, qui multiplie
        les possibilités de production, est, elle aussi, un bien commun.
                         Des droits de naissance
            Tout cela veut dire que tous et chacun, du seul fait de leur en-
        trée dans une société organisée, du seul fait de leur naissance dane
        un pays à ressources naturelles et dans un monde de science appli-
        quée, tous et chacun ont droit au moins à quelque chose, à titre de
        copropriétaires de beaucoup de biens communs. Non seulement
        dans le domaine de l’électricité, mais dans tous les domaines de la
        production moderne, qui emprunte de plus en plus les fruits de la
        science appliquée et de moins en moins le labeur humain.
            Laissons maintenant la lampe électrique, et venons auprès du
        berceau d’un nouveau-né, auprès du lit d’un malade, auprès de la
        femme qui fait son ménage, auprès du pionnier qui abat des arbres
        et arrache des souches pour se faire de peine et de misère un petit
        patrimoine en pays neuf, et demandons-leur si un revenu annuel
        ou mensuel sur leur part du capital commun ne leur ferait pas du
        bien, s’ils ne l’emploieraient pas utilement.
            Eh bien, c’est ce capital commun que reconnaissent les crédi-
        tistes. Ils croient à la propriété privée et la respectent. Ils croient à
        la récompense du travail et la maintiennent. Mais ils croient aussi
        à de la propriété commune, et ils disent que c’est justement parce
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