Page 98 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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Le Dividende National
à un problème de manque d’emploi qu’à un problème
de manque de revenus. Le progrès supprime le travail et
l’on persiste à vouloir que nul ne vive sans travail. Dans
notre monde de progrès, le problème n’est pas tant d’in-
venter de l’ouvrage pour les sans-travail que d’adopter
un moyen pratique pour leur procurer le pouvoir d’achat
dont ils ont besoin pour vivre.
C’est encore Douglas qui écrit: «La machine indus-
trielle est un levier, dont la force augmente parce que
le bras s’allonge à mesure des progrès de la science et
de ses applications. Moins il faut d’hommes requis pour
faire fonctionner le levier, plus il en reste pour l’allon-
ger encore et le rendre de plus en plus puissant avec de
moins en moins de force manuelle.»
On s’accorde à admettre que le système économi-
que existe pour fournir des produits et des services à la
consommation, et cependant on parle et on agit comme
s’il existait pour fournir du travail, non des produits. On
ne sait pas récolter les fruits du progrès: nouveaux loi-
sirs, affranchissement de la nécessité pour l’homme de
travailler durement pour gagner sa vie, abondance pour
tous. L’humanité se punit de ses propres succès.
Le dernier pas
Si l’on veut transformer en bénédiction la «calamité»
des loisirs créés par les perfectionnements de la produc-
tion, il faut établir une méthode pratique pour procurer
un revenu, un pouvoir d’achat aux sans-emploi. C’est le
troisième et dernier pas pour parachever la sécurité éco-
nomique. Il consiste dans la distribution de billets d’achat
à tous les consommateurs de la nation.
Utopie! Innovation impossible! crie-t-on en plusieurs
milieux. Mais qui de nous n’a connu dans les belles an-
nées, en 1929 par exemple, des gens qui vivaient de di-
videndes — il y en a qui le font encore. Ils ne travaillent
pas. Les appelle-t-on des victimes infortunées de l’épo-