Page 99 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le manque chronique de pouvoir d’achat 99
Ainsi, pour lui et pour une multitude de salariés, la signification
de leur emploi se résume à ceci: aller travailler pour obtenir l’argent
qui servira à acheter le pain, qui leur donnera la force d’aller tra-
vailler pour gagner l’argent... et ainsi de suite, jusqu’à l’âge de la
retraite, s’ils ne meurent pas avant. Voilà une vie vide de sens, où
rien ne différencie l’homme de l’animal.
Activités libres
Justement, ce qui différencie l’homme de l’animal, c’est que
l’homme n’a pas seulement que des besoins matériels, il a aussi
des besoins culturels, spirituels. Comme dit Jésus dans l’Evangile:
«L’homme ne vit pas seulement que de pain, mais de toute parole
qui vient de la bouche de Dieu.» (Matthieu 4,4.) Vouloir occuper
tout le temps de l’homme à l’entretien de sa vie matérielle, c’est du
matérialisme, car c’est nier que l’homme a aussi une dimension et
des besoins spirituels.
Mais alors, si l’homme n’est pas employé dans un travail sala-
rié, que va-t-il faire de ses temps libres? Il l’occupera à faire des
activités libres, des activités de son choix. C’est justement dans ses
temps libres que l’homme peut vraiment développer sa person-
nalité, développer les talents que Dieu lui a donnés et les utiliser à
bon escient.
De plus, c’est durant leurs temps libres que l’homme et la
femme peuvent s’occuper de leurs devoirs familiaux, religieux et
sociaux: élever leur famille, pratiquer leur religion (connaître, aimer
et servir Dieu), venir en aide à leur prochain. Elever des enfants est
le travail le plus important au monde, mais parce que la femme qui
reste au foyer pour élever ses enfants ne reçoit pas de salaire, on
considère qu’elle ne fait rien, qu’elle ne travaille pas!
Etre libéré de la nécessité de travailler pour produire les biens
essentiels à la vie ne signifie aucunement paresse. Cela signifie tout
simplement que l’individu est alors en position de choisir l’activité
qui l’intéresse. Sous un système de Crédit Social, il y aura une flo-
raison d’activités créatrices. Par exemple, les grandes inventions,
les plus grands chefs-d’oeuvre de l’art, ont été accompli dans des
temps libres. Comme le disait C. H. Douglas:
«La majorité des gens préfèrent être employés — mais
dans des choses qu’ils aiment plutôt que dans des choses qu’ils
n’aiment pas. Les propositions du Crédit Social ne visent aucune-
ment à produire une nation de paresseux... Le Crédit Social per-
mettrait aux gens de s’adonner aux travaux pour lesquels ils sont