Page 98 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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le «d’ici 30 ans, moins de 2% de la main-d’oeuvre suffira à produire
la totalité des biens dont le monde a besoin.» Rifkin affirme que
trois travailleurs sur quatre — des commis jusqu’aux chirurgiens
— seront éventuellement remplacés par des machines guidées par
ordinateurs.
Si le règlement qui limite la distribution d’un revenu à ceux qui
sont employés n’est pas changé, la société se dirige tout droit vers
le chaos. Il serait tout simplement absurde et ridicule de taxer 2%
des travailleurs pour faire vivre 98% de chômeurs! Il faut absolu-
ment une source de revenu non liée à l’emploi. Il n’y a pas à sortir
de là, il faut un dividende, ou revenu annuel garanti.
Le plein emploi est du matérialisme
Si on veut persister à tenir tout le monde, hommes et femmes,
employés dans la production, même si la production pour satisfaire
les besoins de base est déjà toute faite, et cela, avec de moins en
moins de labeur humain, alors il faut créer de nouveaux emplois
complètement inutiles, et dans le but de justifier ces emplois, créer
de nouveaux besoins artificiels, par une avalanche de publicité,
pour que les gens achètent des produits dont ils n’ont pas réelle-
ment besoin. C’est ce qu’on appelle «la société de consommation».
De même, on fabriquera des produits dans le but qu’ils durent
le moins longtemps possible, dans le but d’en vendre plus, et faire
plus d’argent, ce qui entraîne un gaspillage non nécessaire des res-
sources naturelles, et la destruction de l’environnement. (Voir page
101.) Aussi, on persistera à maintenir des travaux qui ne nécessitent
aucun effort de créativité, qui ne demandent que des efforts méca-
niques, qui pourrait facilement être faits uniquement par des machi-
nes, des travaux où l’employé n’a aucune chance de développer sa
personnalité. Mais pour cet employé, ce travail, si déshumanisant
soit-il, est la condition d’obtenir l’argent, le permis de vivre.
Photo: Dans son film «Les
Temps modernes» (réalisé en
1936), Charlie Chaplin donne
l’exemple d’un travail déshu-
manisant, alors qu’il joue le
rôle d’un ouvrier qui devient
maboul en vissant des écrous
à un rythme effréné.