Page 93 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Le manque chronique de pouvoir d’achat 93
Le Pape dit qu’il appartient aux peuples eux-mêmes, par leurs
lois et leurs règlements, de choisir les méthodes capables de per-
mettre à chaque homme d’exercer son droit à une part des biens
terrestres. Le dividende à tous le ferait. Aucune autre formule pro-
posée n’a été, de loin, aussi effective, pas même nos actuelles lois
de sécurité sociale.
Pourquoi un dividende à tous?
— Un dividende social à tous? Mais un dividende suppose un
capital placé et productif!
Justement. C’est parce que tous les membres de la société sont
co-capitalistes — d’un capital réel et immensément productif. Nous
avons dit plus haut, et nous ne saurions trop le répéter, que le crédit
financier est, à sa naissance, propriété de toute la société. Il l’est,
parce qu’il est basé sur le crédit réel, sur la capacité de production
du pays. Cette capacité de production est faite, certes, en partie, du
travail, de la compétence de ceux qui participent à la production.
Mais elle est faite surtout, et de plus en plus, d’autres éléments qui
sont propriété de tous.
Il y a d’abord les richesses naturelles, qui ne sont la produc-
tion d’aucun homme; elles sont un don de Dieu, une gratuité qui
doit être au service de tous. Il y a aussi toutes les inventions faites,
développées et transmises d’une génération à l’autre. C’est le plus
gros facteur de production aujourd’hui. Et nul homme ne peut pré-
tendre, plus qu’un autre, à la propriété de ce progrès, qui est fruit
de générations.
Sans doute il faut des hommes actuels pour le mettre à contri-
bution — et ceux-là ont droit à une récompense: ils la reçoivent en
rémunérations: salaires, traitements, etc. Mais un capitaliste qui ne
participe pas personnellement à l’industrie où il a placé son capital
a droit quand même à une part du résultat, à cause de son capital.
Eh bien! le plus gros capital réel de la production moderne,
c’est bien la somme des découvertes, des inventions progressives,
qui font qu’aujourd’hui, on obtient plus de produits avec moins de
travail. Et puisque tous les vivants sont, à titre égal, cohéritiers de
cet immense capital qui s’accroît toujours, tous ont droit à une part
des fruits de la production.
L’employé a droit à ce dividende et à son salaire. Le non-em-
ployé n’a pas de salaire, mais a droit à ce dividende, que nous ap-
pelons social, parce qu’il est le revenu d’un capital social.
Le dividende du Crédit Social est basé sur deux choses: l’hé-