Page 36 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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        concept d’«autorité politique mondiale» qui, loin d’abolir l’État-na-
        tion, renforcit plutôt le rôle des États: « Ainsi doit-on promouvoir
        une autorité politique répartie et active sur plusieurs plans. L’éco-
        nomie intégrée de notre époque n’élimine pas le rôle des États,
        elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collabora-
        tion réciproque. La sagesse et la prudence nous suggèrent de ne
        pas proclamer trop hâtivement la fin de l’État (comme certaines
        groupes financiers occultes le souhaiteraient). Lié à la solution de
        la crise actuelle, son rôle semble destiné à croître, tandis qu’il récu-
        père nombre de ses compétences. Il y a aussi des nations pour
        lesquelles  la  construction ou la  reconstruction de  l’État  continue
        d’être un élément clé de leur développement.»
            Plus loin dans l’encyclique, au paragraphe 57, Benoît XVI expli-
        que justement qu’un gouvernement mondial unique avec un seul
        dirigeant  serait  dangereux  et  totalitaire,  et  il oppose à la  centra-
        lisation extrême son contraire, la décentralisation, ou subsidiarité
        (un principe de la doctrine sociale de l’Église qui enseigne que les
        niveaux supérieurs de gouvernements ne doivent pas faire ce que
        les niveaux inférieurs, plus près de l’individu, peuvent faire):
            «Pour ne pas engendrer un dangereux pouvoir universel de
        type monocratique, la “ gouvernance” de la mondialisation doit
        être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur
        divers plans qui collaborent entre eux. La mondialisation réclame
        certainement une autorité, puisque est en jeu le problème du bien
        commun qu’il faut poursuivre ensemble; cependant cette autorité
        devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique pour,
        d’une part, ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, être
        concrètement efficace.»
            Pour ne pas être malhonnêtes, et sembler faire dire au Pape ce
        qu’en réalité il n’a pas dit, les médias qui ont rapporté la nouvelle
        auraient dû citer le paragraphe 67 en entier, dès le début: «Face
        au  développement  irrésistible  de  l’interdépendance  mondiale,  et
        alors que nous sommes en présence d’une récession également
        mondiale, l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations
        Unies comme celle de l’architecture économique et financière in-
        ternationale en vue de donner une réalité concrète au concept de
        famille des Nations, trouve un large écho».
            L’autorité mondiale ayant besoin de réforme, dont parlait Jean
        XXIII dans Pacem in terris et Paul VI dans Populorum progressio, ce
        sont les Nations-Unies. Il ne s’agit pas de transformer les Nations-
        Unies en un gouvernement mondial qui élimine les États-nations,
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