Page 206 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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206 Annexe A
Nous croyons que, comme l’exprimait le Pape Benoît XV, la
question sociale se résume à une juste distribution de la richesse.
Nous croyons, de plus, que cette juste distribution pourrait être réa-
lisée par un système financier reflétant les réalités et comportant,
dans ses règlements, la garantie d’un certain revenu à tous et à
chacun des membres de la société.
C’est ce que ferait l’application des principes du Crédit Social,
tels qu’énoncés par l’ingénieur économiste C. H. Douglas.
D’où l’importance considérable que nous y attachons.
Mais pour bien comprendre le Crédit Social et les possibilités
de son application, il ne faut pas en juger sous l’éclairage du sys-
tème actuel.
Du premier coup, le système actuel et le Crédit Social prennent
vis-à-vis de la finance deux attitudes opposées:
Le système actuel soumet les possibilités physiques de pro-
duction à la présence des moyens de paiement (à l’argent, au crédit
financier).
Le Crédit Social, au contraire, soumet le système financier aux
possibilités physiques de répondre aux besoins humains.
Comment le Crédit Social peut-il obtenir ce renversement? —
Parce qu’il considère qu’un système financier doit être assez souple
pour s’adapter en tout temps aux réalités économiques, qui sont
elles-mêmes le résultat d’actes posés par des producteurs libres
répondant à des besoins humains exprimés librement par des
consommateurs libres. D’où le titre de «Démocratie économique»,
que Douglas donna à son premier livre sur ce sujet.
C’est d’autant plus facile à réaliser que le système d’argent est
déjà, actuellement, un système de comptabilité. Il n’est que d’en
faire une comptabilité exacte, au lieu de cette comptabilité fausse
qui exprime un enrichissement réel, effectué par la population du
pays, par une dette publique à payer par la population du pays. Et
ses autres mauvais fruits sont multiples.
Pour comprendre le Crédit Social, il faut aussi admettre que,
dans son ensemble, la population doit payer le prix de ce qu’elle
consomme, et non pas le prix de ce qu’elle produit. Cela paraît
juste, mais ce n’est pas ce qui arrive aujourd’hui, où l’on exige du
consommateur le paiement du prix comptable de la production,
alors même que le coût total de la consommation faite en rapport
avec cette production n’est pas du tout équivalent à la somme des
dépenses qui constituent le prix comptable de revient.