Page 203 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Promouvoir tout homme et tout l’homme 203
l’emploi. On a vu naître ainsi: les allocations familiales, demeurées
trop minces devant des prix triplés et une production accrue; des
pensions d’invalidité et de cécité; des allocations aux mères néces-
siteuses; des assistances sociales; des pensions de vieillesse.
C’est mieux que le néant d’avant la deuxième guerre mondiale.
Mais c’est encore du rapiéçage pour réparer un peu les déficiences
d’un revenu mal ordonné à sa source, et empêcher l’effondrement
total d’un système cahin-caha de distribution.
Système financier inadapté
Tout l’argent affecté à ces mesures dites de sécurité sociale
provient de revenus d’abord liés à l’emploi. Extrait par des taxes et
redistribué aux pensionnés et aux secourus.
Mais, taxer ainsi le revenu de A et de B, pour passer à C ou D,
c’est puiser dans l’assiette des premiers pour mettre dans l’assiette
vide des derniers, alors que le garde- manger reste plein à craquer
par le flot fourni de l’abondante production moderne. Cela ne paraît
pas bien intelligent.
Et comme les taxes sont de plus en plus exécrées à mesure
qu’elles taillent davantage dans les revenus provenant de l’emploi,
il arrive que cette manière de vouloir reconnaître le droit de tous au
nécessaire irrite les taxés sans même satisfaire suffisamment aux
besoins des secourus. En humiliant aussi beaucoup de ces derniers
par des conditions, des enquêtes, des ré-enquêtes, des sermons
trop souvent et même parfois des reproches, — ce qui n’est point
du tout conforme à ce qui est compris dans le terme «tout l’hom-
me».
Ces défauts dans la distribution de biens répondant aux be-
soins proviennent de ce que la vie économique est viciée par sa
soumission à un système financier complètement détourné de sa
fin. Un système devenu dominateur quand il devrait être serviteur.
Système aussi qui fausse la vision des réalités économiques.
Ces réalités sont, d’une part, les besoins des hommes — be-
soins privés ou besoins publics; et d’autre part, les possibilités
existantes de répondre à ces besoins.
Si l’on raisonne en termes de réalités, la situation se présente
ainsi: Y a-t-il assez de blé pour pouvoir fournir assez de pain à tous
les citoyens du pays? Si oui, alors tous doivent pouvoir obtenir
assez de pain. Et ce terme de pain couvre la masse des produits
alimentaires.