Page 201 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Promouvoir tout homme et tout l’homme 201
surnaturelle. Et l’Église y pourvoit magnifiquement, par les moyens
que son Fondateur a mis à sa disposition.
Mais il reste, puisque nous parlons de vie économique et socia-
le, il reste que l’organisme économique et social doit traiter l’hom-
me avec tout le respect que méritent sa dignité naturelle et sa vo-
cation surnaturelle. Donc, que les systèmes, méthodes et moyens
établis pour procurer à tous une part suffisante de biens terrestres
n’abaissent personne, n’avilissent personne, n’inculquent à aucun
membre de la société une mentalité de mendiant vivant aux cro-
chets et aux dépens des autres, alors qu’il est un ayant-droit.
Autrement dit, l’organisme économique, son mode et son style
de distribution des biens correspondants aux besoins humains,
doit poursuivre la sécurité économique de tous et de chacun, sans
humilier personne, sans y mettre des conditions qui assassinent la
liberté.
Bien que ce soit un bonheur temporel qui est fin immédiate de
la vie économique, toute institution s’y rattachant doit, non seule-
ment ne pas susciter de difficultés sur la voie de l’homme vers sa
destinée éternelle, mais, au contraire, la lui faciliter en le libérant le
plus possible de soucis matériels accablants.
«Tout l’homme» comprend cela: l’homme du temps et l’hom-
me de l’éternité. Le souci de l’un ne doit pas être au détriment de
l’autre, puisque les deux concernent le même être. La pire catastro-
phe serait d’organiser une vie temporelle qui contribuerait à man-
quer une vie éternelle infiniment heureuse pour une vie éternelle si
épouvantablement malheureuse qu’on l’appelle la mort éternelle.
Si S. S. Paul VI veut un ordre économique et social qui tienne
compte de tout l’homme, il nous semble que ce souci de «tout
l’homme», même dans les organismes temporels, était aussi à la
pensée de son prédécesseur Jean XXIII, lorsqu’il écrivait dans son
encyclique Mater et Magistra (alinéa 223):
«Les êtres humains doivent être fondement, but et sujet de
toutes les institutions où se manifeste la vie sociale. Chacun d’en-
tre eux étant ce qu’il est, doit être considéré selon sa nature in-
trinsèquement sociale et sur le plan providentiel de son élévation
à l’ordre surnaturel. »
Grands mots de rapiéçage
Nous avons cité des principes rappelés par les Papes. Mais les
modes d’application sont à choisir et à appliquer par les peuples
eux-mêmes. C’est loin d’être réalisé, même si ces principes ne sont