Page 200 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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200 Annexe A
La richesse économique d’un peuple consiste bien plutôt:
«dans ce qu’une telle abondance représente et fournit réelle-
ment et efficacement comme base matérielle pour le développe-
ment personnel convenable de ses membres».
Il y a là un devoir incombant aux législateurs. La part néces-
saire de chaque personne aux biens essentiels à la vie ne doit pas
être laissée aux aléas des circonstances, aux accès de fièvre ou
de dépression du mécanisme de crédit, aux maladies périodiques
ou chroniques des unités monétaires, aux décisions des créateurs
de vaches grasses et de vaches maigres, aux appétits ou aux indi-
gestions des fauves de la finance et de la grande industrie; ni à
l’humeur, accueillante ou repoussante, des prêteurs internationaux
auxquels des gouvernants sots ou déchus vont, chapeau bas, de-
mander la permission de mettre en oeuvre les possibilités produc-
tives de leurs pays.
Nos pays évolués n’ont plus de réels problèmes de produc-
tion pour répondre aux besoins normaux de toute leur population.
Mais ils souffrent honteusement de problèmes de distribution — la
chose pourtant la plus simple et la plus agréable à accomplir. Non
pas qu’ils manquent de moyens de transport ou de livraison, mais
parce que l’accès d’un individu aux produits offerts est conditionné
par le pouvoir d’achat dont il dispose. Or ce pouvoir d’achat n’est
point lié à la personne ni à ses besoins; il résulte de divers facteurs
qui laissent des personnes, des familles privées ou insuffisamment
pourvues de moyens de paiements.
Tout l’homme
Pour tout homme — on vient de le dire. Mais aussi, «pour tout
l’homme», ajoute Paul VI.
Pour l’homme tout entier. Ce qui doit bien vouloir dire pour un
être qui possède plus que la vie végétative, plus que la vie animale.
Pour un être doué de raison. Pour un être créé libre et responsable.
Pour un être qui normalement aspire au développement, à l’épa-
nouissement de sa personne.
Il y a plus encore. Cet être, dont la vie naturelle est déjà mar-
quée d’une haute dignité, est appelé à une vie incomparablement
plus élevée, dépassant infiniment sa vie naturelle d’être raisonna-
ble, libre et responsable. A une vie surnaturelle, participation, par la
grâce, de la vie divine même, et cela pour toute l’éternité.
On sort là, il est vrai, de la compétence d’un organisme éco-
nomique et social. Il faut ici des moyens surnaturels pour une fin