Page 199 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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Promouvoir tout homme et tout l’homme 199
sans interruption les conditions matérielles dans lesquelles pour-
ra se développer pleinement la vie individuelle des citoyens».
«Tous et chacun — Tout homme — Droit fondamental de tout
homme — Vie individuelle des citoyens». Ces expressions mar-
quent bien qu’il s’agit de la personne, de chaque personne, et non
pas d’une simple satisfaction collective.
C’est de la satisfaction des besoins de chaque individu qu’il est
question, mais d’une satisfaction soutenue socialement, garantie
socialement dans la mesure et au degré où le permet la capacité
productive du pays. C’est pourquoi, dans son radio-message de
1944 le Pape Pie XII ajoutait, après avoir affirmé le droit de chaque
personne à l’usage des biens de la terre:
«C’est laissé à la volonté humaine et aux formes juridiques
des peuples de régler plus en détail la réalisation pratique de ce
droit».
Les formes juridiques des peuples — donc, les législations des
pays respectifs.
Droit individuel reconnu et exercé avec l’appui de l’ordre éta-
bli — Pie XI aussi l’avait indiqué dans la phrase citée plus haut:
«L’organisme économique et social sera sainement constitué...»
Aucun doute, donc, sur le droit fondamental de chaque per-
sonne, et la possibilité de l’exercer doit lui être facilitée par la légis-
lation de son pays. Le bien commun ne signifie pas la suppression
des biens individuels légitimes. Au contraire, le bien commun doit
consister dans un ordre social qui permette à chaque personne de
s’épanouir mieux que sans cet ordre social. Et le premier devoir
des responsables de ce bien commun, c’est de veiller à ce que
chaque individu puisse avoir accès aux biens nécessaires à la vie.
Dans quelle mesure l’organisme économique et social doit-il
faciliter à tous l’accès à des biens matériels? Pie XI dit:
“Tous les biens que les ressources de la nature et de l’industrie
ont le moyen de leur procurer”.
Non pas que cela doive signifier le même niveau de vie pour
tous. Mais pour chacun:
“Ces biens doivent être au moins assez abondants pour satis-
faire aux besoins d’une honnête subsistance”.
Dans nos pays industrialisés, on aime à évaluer la richesse éco-
nomique d’un peuple d’après l’abondance de sa production glo-
bale. Mais le Pape Pie XII corrige cette vue. Il rectifie: