Page 39 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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3. Monopole du crédit et encycliques 37
les puissantes fédérations syndicales d’autre part, envahissant les
services publics, le fonctionnariat et jusqu’aux institutions d’ensei-
gnement, du bas en haut de l’échelle.
Guerre provoquée par les injustices du système
Et dans le domaine international, qu’a-t-on vu? Vingt-trois an-
nées après Rerum Novarum, toutes les nations d’une Europe pour-
tant christianisée entraient en guerre, se jetant à la gorge les unes
des autres, appelant à elles, sur les champs de bataille, des soldats
d’Afrique qui, à la vue de ce massacre entre baptisés, purent bien
se demander ce que signifiait l’Évangile du Christ? Et huit années
après Quadragesimo Anno, la tuerie et la destruction reprenaient
de plus belle pour plus longtemps avec des moyens plus puissants
et des haines plus féroces.
Cela, pas à cause des encycliques mais à cause du peu de cas
qu’on en a fait. Et quel cas pouvait-on faire des encycliques quand
on s’est obstiné à considérer comme sacré et intouchable le mono-
pole du crédit, quand on soumet toute la vie économique à la dicta-
ture de l’argent, quand on fait de l’argent la fin première et dernière
de toutes les entreprises?
Le refus du Crédit Social a perpétué
des causes de souffrances imméritées
Nous n’hésitons pas à le dire: le refus du Crédit Social qui est le
refus d’une philosophie humaine de la distribution, répondant par-
faitement aux normes rappelées par les Papes, ce refus a perpétué
des causes de souffrances imméritées, de désordres, de boulever-
sements. Refus criminel dans les pays comme le nôtre où les maî-
tres de la politique, de l’enseignement et des moyens de diffusion
ne peuvent plaider ignorance du sujet.
Refus dont les conséquences sont incalculables jusque dans
l’ordre des valeurs spirituelles. Non pas que le Crédit Social soit
un sacrement mais parce qu’il casserait des obstacles, parce qu’il
procurerait les biens abondants de la nature et de l’industrie à tous
et à chacun, leur garantissant «une honnête subsistance», selon
les termes de l’encyclique; leur permettant de «s’élever à ce degré
d’aisance et de culture qui, pourvu qu’on en use sagement, ne met
pas d’obstacle à la vertu mais en facilite au contraire singulièrement
l’exercice».