Page 36 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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34    3. Monopole du crédit et encycliques

            Ces institutions, les banques à charte dans notre pays, ne peu-
        vent donc pas légitimement se considérer comme propriétaires du
        crédit qu’elles créent d’un trait de plume et qu’elles émettent sous
        forme de prêts, sans se départir d’un seul sou à elles et sans dimi-
        nuer un seul compte de leurs clients.

                      Contrôle du système bancaire
            Par sa mainmise sur le crédit de la société, par les restrictions
        en volume et en durée de circulation qu’il impose à ce crédit, le
        système bancaire contrôle et gère à son gré un bien qui ne lui ap-
        partient pas, qui est un bien de toute la société; et comme ce crédit
        financier est, selon l’expression du Pape, «le sang de l’organisme
        économique», les contrôleurs du volume et de la circulation de ce
        sang tiennent toute la vie économique entre leurs mains si bien que
        sans leur permission, nul ne peut plus respirer.
            Lorsque parut cette encyclique, en 1931, tout le monde civi-
        lisé était enlisé dans une crise économique sans précédent; crise
        qu’il était impossible d’attribuer à la température, ni à une perte de
        compétences des producteurs, ni à un refus de travailler de cen-
        taines de mille hommes qui cherchaient partout de l’emploi. Rien
        de tout cela! C’était simplement une crise d’argent, une restriction
        de crédit; une saignée du corps économique par ceux qui en ont
        accaparé le contrôle.

                  Vie économique horriblement cruelle
            «Toute la vie économique, écrivait le Pape Pie XI, est deve-
        nue horriblement dure, implacable, cruelle». Et du côté des gou-
        vernements, même assujettissement: «La déchéance du pouvoir
        tombé au rang d’esclave, disait l’encyclique, est devenu le docile
        instrument de toutes les passions et de toutes les ambitions de
        l’intérêt».
            L’entrée du pays en guerre, en 1939, mettait une fin subite à
        la  crise  d’argent,  montrant  à  l’évidence  qu’une  rareté  d’argent,
        une insuffisance de crédit financier, est un phénomène purement
        factice  imposé par des contrôleurs qui peuvent  y mettre  fin en
        moins de 24 heures quand ils le veulent ou y consentent. En même
        temps, malgré que les bras les plus valides fussent mobilisés sur
        les champs de bataille ou à la production d’engins de guerre, les
        familles purent obtenir de meilleures conditions de vie que pendant
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