Page 37 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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3. Monopole du crédit et encycliques           35

        les dix années précédentes. Il ne pouvait faire le moindre doute,
        dès lors pour personne, que les dix années de crise avaient été
        le seul fait d’une tyrannie financière criminelle au suprême degré.
        On put donc croire que le monde, une fois libéré de la nécessité
        d’entretenir la production de guerre, ne supporterait plus une seule
        journée ce régime financier insensé.

                           Principes immuables
             pour la distribution adéquate des biens à tous

            Et pourtant le même monopole du crédit est encore en selle
        aujourd’hui. Dans son encyclique, le Pape ne se mêle pas d’indiquer
        quelle méthode ou quel moyen employer pour mettre un terme au
        monopole du crédit; cela relève  des autorités temporelles. Mais
        rappelant  des  principes immuables,  tel  que  le  droit  fondamental
        de toute personne à une suffisance de biens terrestres, il écrivait:
            «L’organisme économique et social sera sainement constitué
        et atteindra sa fin alors seulement qu’il procurera à tous et à cha-
        cun de ses membres tous les biens que les ressources de la nature
        et de l’industrie ainsi que l’organisation vraiment sociale de la vie
        économique ont le moyen de leur procurer.» Et il ajoutait: «Ces
        biens doivent être assez abondants pour satisfaire aux besoins
        d’une honnête subsistance et pour élever les hommes à ce degré
        d’aisance et de culture qui, pourvu qu’on en use sagement, ne
        met pas d’obstacle à la vertu mais au contraire en facilite singu-
        lièrement l’exercice».
            La sagesse dans l’usage des biens est responsabilité de la per-
        sonne, de la famille. Mais la distribution adéquate des biens, dont
        le volume aujourd’hui est potentiellement capable de procurer une
        honnête subsistance à tous, dépend de l’organisation vraiment so-
        ciale de la vie économique.
            La  distribution,  dans  notre monde  moderne,  se fait  par  le
        moyen des ventes et des achats. Pour que tous puissent accéder à
        une suffisance de biens pour une honnête subsistance, il faut que
        tous obtiennent une suffisance de pouvoir d’achat, d’argent pour
        commander ces biens.
            Un mode de distribution tel que préconisé par le Crédit Social
        répondrait suffisamment et très bien aux normes d’un organisme
        économique sain tel que défini par l’encyclique de Pie XI.
            Je ne parle pas ici d’un parti politique quelconque qui peut bien
        s’affubler d’une étiquette créditiste alors qu’il n’est qu’une vulgaire
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