Page 84 - Sous le Signe de l'Abondance
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4 Chapitre 19
On a trop l’habitude de ne penser aux monopoles qu’en ter-
mes de grosses entreprises industrielles. Une entreprise peut être
grosse et être au service de la masse des consommateurs. Ce n’est
plus un monopole, mais un service bien organisé.
Ce qui fait le caractère nocif du monopole, ce n’est pas tant sa
grosseur que son objectif malsain et antisocial. C’est qu’il se sert de
moyens malhonnêtes pour supprimer les concurrents et suborner
les gouvernements, afin de poursuivre plus à son aise l’exploitation
de la société pour le bénéfice de quelques-uns.
Le monopole de l’argent, protégé
Trop souvent, ceux qui condamnent les monopoles s’arrêtent
à des monopoles industriels spécifiés: monopole de l’électricité,
monopole du charbon, monopole des huiles, monopole du sucre,
etc. Et ils ignorent le plus pernicieux de tous les monopoles dans
l’ordre économique: le monopole de l’argent et du crédit; le mono-
pole qui change le progrès du pays en dettes publiques; le mono-
pole qui, par le contrôle du volume de l’argent, règle le niveau de
vie des humains sans rapport avec les réalités de la production et
les besoins des familles.
Le monopole de la politique de partis
Trop souvent encore, on oublie que la politique, la politique
qui devrait voir à l’assainissement de l’économique, est elle-même
devenue un monopole. Mais parce que ce monopole se présente
sous la forme de partis politiques, et parce que la politique de partis
se pavane sous le nom de démocratie, le peuple s’y laisse prendre.
Il s’imagine que les partis politiques sont une chose faite pour lui,
alors qu’ils sont une chose faite pour l’exploiter. La preuve en est
dans les résultats.
Acoquinage
Faisons remarquer, en passant, que les partis politiques se gar-
dent bien de dénoncer le monopole de l’argent; les autres mono-
poles, passe encore, c’est de bon ton pour gagner des votes; mais
du monopole de l’argent, pas un mot. De même aussi, le monopole
de l’argent se garde bien de mettre des entraves à la politique de
partis. Le grand monopole économique et le grand monopole po-
litique semblent avoir passé entre eux une sorte de gentlemen’s
agreement, un accord mutuel pour se protéger l’un l’autre, tous les
deux aux dépens du peuple.