Page 88 - Sous le Signe de l'Abondance
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Chapitre 20

            En même temps, c’est la seule mesure économique qui assure
        la permanence de la production en complétant le pouvoir d’achat
        déficitaire des consommateurs. C’est la seule méthode supplémen-
        taire de distribution qui se mette au pas du progrès dans les pro-
        cédés  de  productlon.  C’est  la  seule  proposition  économique  qui
        reconnaisse l’existence d’un héritage social, transmis au sein de la
        société organisé, d’une génération à une autre; tout comme chez
        les familles possédantes, il y a un héritage transmis des parents à
        leurs enfants.
            — Mais, qu’est-ce que ce dividende national? On sait ce qu’est
        un dividende dans une compagnie; c’est la distribution aux action-
        naires d’une somme qui représente les profits nets de la compa-
        gnie pendant le terme écoulé. Par dividende national, voulez-vous
        dire  une  somme  d’argent  distribuce  à  tous  les  citoyens  tous  les
        mois, ou tous les trois mois, ou tous les ans?
            — Par dividende national, nous voulons dire la distribution à
        tous les membres de la société, à titre égal, des surplus de la pro-
        duction du pays, qui ne seraient pas distribués autrement.
            Que vous fassiez cette distribution par une somme d’argent ou
        autrement, l’important est de donner à chaque citoyen un droit à
        sa partie de la production qui représente réellement un surplus; et
        la production qui ne se distribue pas sans cela est certainement un
        surplus. Ne l’a-t-on pas déjà jetée au feu ou aux égouts?
                      Le dividende, fruit du progrès
            Le dividende national n’ôte rien aux salaires. C’est le progrès
        qui risque de frapper les salaires, lorsque les machines remplacent
        les salariés. C’est alors que les produits s’accumulent. Mais le divi-
        dende viendrait justement dans la mesure qu’il faut pour combler
        le  déficit.  Plus  le  progrès  remplacerait  les  bras  humains  par  des
        machines, moins il y aurait de salaires distribués à des ouvriers,
        mais plus il y aurait de dividendes, directs ou indirects, distribués
        à tout le monde.
            Oui, à tout le monde, et à tous également, parce que c’est le
        fruit du progrès, et non du travail individuel. Le travail individuel
        est récompensé diversement, selon la valeur qu’il apporte dans la
        production. Mais le progrès est un bien collectif, sur lequel tous ont
        les mêmes droits, à seul titre de membres de la société organisée.
            Le progrès diminue la contribution nécessaire du travail indivi-
        duel, mais il ne diminue pas, il augmente même la production de
        biens. C’est cela que représenterait le dividende.
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