Page 87 - Sous le Signe de l'Abondance
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Minimum de sécurité, maximum de liberté
s’accumulaient et pourrissaient sous leurs yeux, l’organisme social
de leur pays ne leur assurait pas du tout leur part de biens pour une
honnête subsistance.
Au moins 400 000 familles canadiennes peuvent rendre ce té-
moignage accusateur. Ce n’est pourtant point contre cette lacune
sociale qu’on est entré en guerre en 1939!
Négation de la liberté
Mais il paraît qu’en se tuant les uns les autres, on a appris
qu’il faut faire des plans de sécurité sociale pour après la guerre.
Malheureusement, pendant qu’on parle d’un lendemain meilleur
qu’hier, on continue à fortifier le monopole de l’argent qui règle à
son gré le niveau de vie des hommes.
Malheureusement aussi, chaque fois qu’on parle de sécurité
économique, c’est aux dépens de la liberté. Or la liberté est un bien
aussi indispensable à la personne humaine que la sécurité.
La sécurité économique, l’assurance du nécessaire, est une cho-
se. La liberté de choix de la personne est une autre chose. L’animal
peut se contenter de la première. L’être humain a besoin des deux.
La sécurité économique peut exister sans la liberté. Exemple:
l’étable, l’écurie, la caserne, et le régime promis par les socialistes.
La liberté, pour être réelle, suppose d’abord un minimum de
sécurité économique. Le chômeur de 1930 à 1940 n’avait pas la
liberté, parce qu’il n’avait pas d’abord le minimum nécessaire pour
vivre. S’il l’obtenait à la grille des secours directs, c’est à des condi-
tions qui commençaient par lui couper sa liberté. De même: com-
bien de salariés doivent accepter un emploi ou des conditions de
travail qui ne leur conviennent pas du tout! Leur pain est lié à des
conditions contraires à leur choix. Ils ne sont pas libres.
L’homme qui aurait d’abord le strict nécessaire garanti, sans
condition, du seul fait de sa naissance au sein d’une société orga-
nisée, ne serait pas si absolument obligé d’accepter tel emploi ou
ou telles conditions; il pourrait s’orienter plus conformément à ses
aptitudes et à ses attraits; son salaire alors ne serait plus lié au sa-
crifice de sa liberté de choix.
Le dividende, instrument de liberté
C’est ici que nous touchons au caractère incomparable du divi-
dende national comme mesure de sécurité sociale. C’est, de fait, la
seule mesure de sécurité sociale qui ne lie et n’humilie personne.