Page 63 - Sous le Signe de l'Abondance
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Le dividende national 63
lez-vous traiter l’administration canadienne d’immorale, parce qu’elle
tire les pauvres de la misère au lieu de laisser gaspiller les produits?
N’allez-vous pas plutôt bénir Dieu de vous avoir placé dans un
pays riche de ressources naturelles, bien organisé et bien adminis-
tré? N’allez-vous pas vous attacher davantage à votre patrie et vous
efforcer de contribuer à sa prospérité? N’allez-vous pas continuer
de travailler avec plus d’application, comme l’ouvrier qui vient de
recevoir une augmentation de salaire, parce que vous saurez que la
possibilité d’un dividende est conditionnée par un développement
de la production?
Les bons effets que le dividende produirait sur vous, il les pro-
duirait sur les autres. Trop de ceux qui trouvent néfaste l’idée d’un
dividende, sont des hypocrites ou des orgueilleux qui pensent que,
pour eux, ce serait bon, mais que les autres, nés et élevés dans le
péché, sont trop vicieux pour utiliser sagement un dividende.
Le dividende et la famille
Que va signifier le dividende pour la famille? Un dividende à
votre femme et à chacun de vos enfants, ainsi qu’à vous-même?
Cela va-t-il jeter la consternation ou la discorde dans votre
foyer? N’allez-vous pas, au contraire, considérer ensemble l’idée
d’y améliorer les conditions de vie, d’y introduire tel meuble, tel
accessoire, tel confort que vous déairez depuis longtemps?
Vous allez pouvoir enfin renouveler un trousseau qui vieillissait.
Vous allez pouvoir songer à donner une meilleure éducation à vos
enfants, à développer les talents de l’un ou l’autre pour tel ou tel
art; à électrifier votre maison, à procurer un peu d’aide et de repos à
votre femme. Vous aurez votre banc à l’église; vous pourrez grossir
votre obole pour les oeuvres, car un peu plus d’aisance à la maison
ne vous a pas rendu moins catholique. Vous allez pouvoir abonner
votre famille à des revues propres à instruire tout en récréant, au
lieu d’être borné, par un budget insuffisant , à la vulgaire presse à
trente-cinq sous et au magazine américain à bon marché.
On a beaucoup parlé du salaire familial. L’homme marié, père
de plusieurs enfants, a certainement besoin d’un plus gros revenu
que le célibataire. Mais à valeur productrice égale, l’un et l’autre ne
peuvent exiger des salaires différents de leur employeur, ou celui-
ci embauchera de préférence les célibataires et les pourvoyeurs de
petites familles.
Le dividende règle le problème, puisque chaque individu y par-
ticipe également. L’homme marié, père de six enfants dont tous