Page 45 - Sous le Signe de l'Abondance
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Chapitre 9
                          Le vice monétaire


            La situation se résume à cette chose inconcevable. Tout l’ar-
        gent qui est en circulation n’y est venu que par la banque. Même
        l’argent de métal ou de papier ne vient en circulation que s’il est
        libéré par la banque.
            Or la banque ne met l’argent en circulation qu’en le prêtant
        et en le grevant d’un intérêt. Ce qui veut dire que tout l’argent
        en circulation est venu de la banque et doit retourner à la banque
        quelque jour, mais y retourner grossi d’un intérêt.
            La  banque  reste  propriétaire  de  l’argent.  Nous  n’en  sommes
        que les locataires. S’il y en a qui gardent l’argent plus longtemps ou
        même toujours, d’autres sont nécessairement incapables de rem-
        plir leurs engagements de remboursements.
            Multiplicité des banqueroutes de particuliers et de compagnies,
        hypothèques sur hypothèques, et croissance continuelle des det-
        tes publiques, sont le fruit naturel d’un tel système.
            L’intérêt sur l’argent à sa naissance est à la fois illégitime et
        abaurde, anti-social et anti-arithmétique. Le vice monétaire est
        donc un vice technique autant qu’un vice social.
            A mesure que le pays se développe, en production comme en
        population, il faut plus d’argent. Or on ne peut avoir d’argent nou-
        veau qu’en s’endettant d’une dette collectivement impayable.
            Il reste donc le choix entre arrêter le développement ou s’en-
        detter; entre chômer ou contracter des emprunts impayables. C’est
        entre ces deux choses-là qu’on se débat justement dans tous les
        pays.
            Aristote, et après lui saint Thomas d’Aquin, écrivent que l’ar-
        gent ne fait pas de petits. Or le banquier ne met l’argent au monde
        qu’à condition qu’il fasse des petits. Comme ni le gouvernement ni
        les particuliers ne font d’argent, personne ne fait les petits réclamés
        par le banquier. Même légalisé, ce mode d’émission reste vicieux
        et insultant.
                          Déchéance et abjection
            Cette  manière  de  faire  l’argent  du  pays,  en  endettant  gou-
        vernements et particuliers, établit une véritable dictature sur les
        gouvernements comme sur les particuliers.
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