Page 43 - Sous le Signe de l'Abondance
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Naissance et mort de l’argent  43

                            La mort de l’argent
            Mais cet argent de comptabilité, fait par les banques, est fait
        sous conditions. Il devra être rapporté dans un temps déterminé, et
        d’autre argent avec lui, sous forme d’intérêt.
            Ainsi, un million prêté à 10 pour cent pour vingt ans, oblige le
        gouvernement qui l’emprunte à rapporter 3 millions d’ici vingt ans,
        un million pour le capital et deux millions pour l’intérêt.
            Comme  le  gouvernement,  lui,  ne  crée  pas  d’argent,  et  com-
        me il ne peut pomper du public plus d’argent qu’il n’y a été mis,
        il n’est jamais capable de rapporter au banquier plus d’argent que
        le banquier n’en a fait. Plus le gouvernement essaie de satisfaire
        à ses obligations, plus il crée de disette d’argent dans le pays. Il
        faut même qu’il emprunte d’autres sommes pour pouvoir rapporter
        indéfiniment des intérêts sur les capitaux ainsi créés par les ban-
        ques.
            C’est  pour  cela  que  les  dettes publiques  montent  toujours,
        que les intérêts sur ces dettes sont de plus en plus gros et les
        taxes pour les payer de plus en plus lourdes.
            Quant  aux  particuliers  qui  empruntent  ainsi  des  banques,  ils
        doivent ou rembourser avec intérêts ou faire banqueroute. Si les
        uns réussissent, c’est en extrayant autour d’eux, par la vente de
        leurs produits à prix élevés, plus d’argent qu’ils y ont mis. Le succès
        des uns fait nécessairement la faillite des autres, dans un système
        où l’argent commence sous forme de dette chargée d’intérêt.
            Lorsque l’argent rentre à la banque, les neuf-dixièmes y ren-
        trent sous forme de crédit et sont simplement cancellés; cet argent
        cesse  d’exister.  La  banque  est  à  la  fois  le  berceau  et  le  cercueil
        de l’argent. C’est une fabrique d’argent et c’est un abattoir de l’ar-
        gent.
            Quand les remboursements sont exigés plus vite que les nou-
        veaux prêts, l’abattoir fonctionne plus vite que la fabrique, et cela
        fait une crise. Ce fut l’origine de la crise de 1930 à 1940.
            Quand les prêts sont plus généreux et plus fréquents que les
        remboursements, la fabrique marche plus vite que l’abattoir, et cela
        fait une abondance d’argent. C’est ce qu’on a eu pendant la guerre:
        l’argent était plus abondant que les produits.
            On voit que le niveau de l’argent dépend de l’action des ban-
        ques. Et l’action des banques ne dépend pas du tout de la produc-
        tion ni des besoins.
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