Page 268 - Sous le Signe de l'Abondance
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26 Chapitre 52
On ne saurait trop réprouver de tels abus, en
rappelant encore une fois solennellement que
l’économie est au service de l’homme. Mais
s’il est vrai qu’un certain capitalisme a été la
source de trop de souffrances, d’injustices
et de luttes fratricides aux effets durables,
c’est à tort qu’on attribuerait à l’industriali-
sation elle-même des maux qui sont dus au
néfaste système qui l’accompagnait. Il faut au
Paul VI
contraire en toute justice reconnaître l’apport
irremplaçable de l’organisation du travail et du progrès industriel
à l’oeuvre du développement.» (Paul VI, encyclique Populorum pro-
gressio, sur le développement des peuples, 26 mars 1967, n. 26.)
La propriété privée
Les maux qu’on reproche au système capitaliste actuel ne pro-
viennent pas de sa nature (propriété privée, libre entreprise), mais
du système financier qu’il utilise, un système financier qui domine
au lieu de servir, qui vicie le capitalisme. Les Papes, loin de souhai-
ter la disparition de la propriété privée, souhaitent plutôt sa diffu-
sion la plus large possible pour tous:
«La dignité de la personne humaine exige normalement, com-
me fondement naturel pour vivre, le droit à l’usage des biens de la
terre; à ce droit correspond l’obligation fondamentale d’accorder
une propriété privée autant que possible à tous.... (Il faut) met-
tre en branle une politique économique qui encourage et facilite
une plus ample accession à la propriété privée des biens dura-
bles: une maison, une terre, un outillage artisanal, l’équipement
d’une ferme familiale, quelques actions d’entreprises moyennes
ou grandes.» (Jean XXIII, Mater et Magistra, nn. 114-115.)
Tous capitalistes
Que tous soient réellement «capitalistes» et aient accès aux
biens de la terre, cela serait rendu possible par le dividende du Cré-
dit Social, qui appliquerait concrètement cet autre principe de base
de la doctrine sociale de l’Eglise: les biens de la terre sont destinés
à tous les hommes:
«Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de
tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de
la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous,
selon les règles de la justice, inséparables de la charité.» (Concile
Vatican II, Constitution Gaudium et Spes, n. 69.)