Page 267 - Sous le Signe de l'Abondance
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Le Crédit Social et l’enseignement des Papes 26
Des dettes impayables
L’obligation de remettre au banquier de l’argent qu’il n’a pas
créé entraîne des dettes impayables:
«Les pays débiteurs, en effet, se trouvent placés dans une sor-
te de cercle vicieux: ils sont condamnés, pour pouvoir rembourser
leurs dettes, à transférer à l’extérieur, dans une mesure toujours
plus grande, des ressources qui devraient être disponibles pour
leur consommation et leurs investissements internes, donc pour
leur développement.
«Le service de la dette ne peut être acquitté au prix d’une as-
phyxie de l’économie d’un pays et aucun gouvernement ne peut
moralement exiger d’un peuple des privations incompatibles avec
la dignité des personnes... S’inspirant de l’Evangile, d’autres com-
portements seraient à envisager, comme consentir des délais, re-
mettre partiellement ou même totalement les dettes... En certains
cas, les pays créanciers pourront convertir les prêts en dons.
«L’Eglise rappelle la priorité à accorder aux hommes et à leurs
besoins, par-delà les contraintes et les techniques financières
souvent présentées comme seules impératives.» (Une approche
éthique de l’endettement international, document de la Commis-
sion Pontificale Justice et Paix, 27 décembre 1986.)
«Il n’est pas licite de demander et d’exiger un paiement quand
cela reviendrait à imposer en fait des choix politiques de nature
à pousser à la faim et au désespoir des populations entières. On
ne saurait prétendre au paiement des dettes contractées si c’est
au prix de sacrifices insupportables. Dans ce cas, il est nécessaire
— comme du reste cela est en train d’être partiellement fait — de
trouver des modalités d’allégement de report ou même d’extinc-
tion de la dette, compatibles avec le droit fondamental des peu-
ples à leur subsistance et à leur progrès.» (Jean-Paul II, encyclique
Centesimus annus, 1er mai 1991, n. 35.)
L’impérialisme de l’argent
L’Eglise condamne à la fois le capitalisme libéral et le commu-
nisme marxiste. A remarquer que ce n’est pas le capitalisme en soi
que l’Eglise condamne, mais le «capitalisme libéral», un «certain
capitalisme». Car l’Eglise sait faire la distinction, dans le système
capitaliste, entre le système producteur et «le néfaste système qui
l’accompagne», le système financier:
«Ce libéralisme sans frein conduit à la dictature à bon droit dé-
noncée par Pie XI comme génératrice de ‘l’impérialisme de l’argent’.