Page 235 - Sous le Signe de l'Abondance
P. 235

Chapitre 4

                     33 millions de capitalistes
         dans un Canada de 33 millions de citoyens


            (Article de Louis Even, paru dans Vers Demain d’août 1968.)
                            Reproches mérités
            Si un communiste vous dit:
            «Dans vos pays capitalistes, la richesse s’amasse de plus en
        plus entre quelques mains. Des hommes deviennent très riches et
        mettent les autres à leurs services. Plus ils ont d’argent, plus ils
        s’en servent pour grossir leur magot. Ils achètent les petits. Ils font
        disparaître les industries modestes et forment de grosses compa-
        gnies, avec des usines mastodontes, dans lesquelles des masses
        d’ouvriers doivent s’engouffrer chaque matin, souvent la nuit, et
        faire ce qu’on leur commande, sans quoi ils meurent de faim. C’est
        le petit nombre des accumulateurs de capitaux qui mène, et c’est le
        grand nombre des besogneux qui est mené.»
            Si le communiste vous dit cela, pouvez-vous lui répondre que
        ce n’est pas vrai? Non, évidemment, car ce qu’il dit est bien confor-
        me aux faits.
            Et si le communiste vous dit:
            «Dans  vos  pays  capitalistes,  lorsqu’un  gouvernement  ou  un
        corps public a besoin de réalisations publiques, besoin d’écoles,
        d’hôpitaux, d’aqueducs, de routes, de canaux, d’aéroports, s’il n’a
        pas d’argent, il reste paralysé, alors même qu’il y a dans le pays
        tout ce qu’il faut pour accomplir ces travaux. S’il veut les faire exé-
        cuter, il doit s’endetter, c’est-à-dire endetter la population pour des
        travaux qu’elle va exécuter elle-même; ou bien il doit taxer davan-
        tage, diminuant ainsi le pouvoir d’achat des individus, alors même
        que le pays peut très bien produire à la fois les choses publiques
        et les choses pour la consommation privée. Autrement dit, votre
        gouvernement doit vous priver de beurre pour asphalter des rou-
        tes, alors que le pays peut très bien produire à la fois tout l’asphalte
        qu’il faut pour paver les routes et tout le beurre qu’il vous faut pour
        graisser votre pain.»
            Si le communiste vous parle ainsi, allez-vous lui répondre qu’il
        ment? Non. S’il est habitué à mentir en vantant les régimes com-
        munistes, il ne ment pas en vous mettant sous le nez ces absurdités
        de nos pays capitalistes.
   230   231   232   233   234   235   236   237   238   239   240