Page 186 - Sous le Signe de l'Abondance
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règlement qui veut lier la distribution du pouvoir d’achat à l’em-
ploi, entraînant des situation de ce genre: des groupes écologis-
tes voudraient que telle usine soit forcée de cesser de polluer,
mais le gouvernement réplique que cela coûterait trop cher à cet-
te compagnie, et qu’elle risquerait de fermer ses portes, et qu’il
est préférable de conserver ces précieux emplois, même s’il faut
pour cela sacrifier l’environnement.
On sacrifie le réel — l’environnement — au signe, l’argent. Et
que dire de tous les besoins artificiels créés dans le seul but de
tenir les gens employés, de tous ces gens qui travaillent dans la
paperasse dans des bureaux, et des produits fabriqués pour durer
le moins longtemps possible, afin d’en vendre le plus possible?
Tout cela entraîne un gaspillage et une destruction non nécessai-
res du milieu naturel.
La pollution des âmes
Le système financier actuel entraîne aussi une pollution encore
plus grave: la pollution des âmes, qui met en jeu notre salut éternel.
On n’a qu’à penser à l’Etat qui encourage les loteries et le jeu pour
ramasser plus d’argent, même si cela peut entraîner la ruine de
bien des familles, le commerce de la drogue et du sexe; les gens
qui sont mal logés ou mal nourris, faute d’argent, les personnes
qui, afin d’obtenir de l’argent et pouvoir vivre, sont obligés d’accep-
ter des emplois qui vont contre leur conscience, contre les Com-
mandements de Dieu; des enfants qui doivent voler, se prostituer,
etc. A ce sujet, le Pape Jean-Paul II écrivait dans son encyclique
Centesimus annus (n. 38):
«En dehors de la destruction irrationnelle du milieu naturel,
il faut rappeler ici la destruction encore plus grave du milieu hu-
main, à laquelle on est cependant loin d’accorder l’attention vou-
lue. Alors que l’on se préoccupe à juste titre, même si on est bien
loin de ce qui serait nécessaire, de sauvegarder les habitats natu-
rels des différentes espèces animales menacées d’extinction, par-
ce qu’on se rend compte que chacune d’elles apporte sa contribu-
tion particulière à l’équilibre général de la terre, on s’engage trop
peu dans la sauvegarde des conditions morales d’une “écologie
humaine” authentique.»
En d’autres mots, si l’homme persiste obstinément à agir contre
l’ordre voulu par Dieu — que ce soient les lois de la nature ou les
lois morales — cela ne peut que se retourner contre lui. Si une
société n’a aucun principe moral, même une armée de policiers ne
sera pas suffisante pour ramener l’ordre et le bon sens.