Page 90 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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90 Leçon 6
Même si on essaie d’augmenter les salaires pour rattraper les
prix, la hausse des salaires sera incluse automatiquement dans
les prix, et rien ne sera réglé. (C’est comme un chien qui court
après sa queue, ou comme l’âne qui court après le navet sur la
caricature de la page précédente.) Pour pouvoir acheter toute la
production, il faut donc un revenu supplémentaire en dehors des
salaires, au moins égal à B. C’est ce que ferait le dividende du
Crédit Social, accordé à chaque mois à chaque citoyen du pays.
(Ce dividende serait financé par de l’argent nouveau créé par la
nation, et non pas par les taxes des contribuables, car ce serait
alors de l’argent provenant des salaires.)
Ce qui maintient le système actuel
Sans cette autre source de revenu (le divi-
dende), il devrait y avoir théoriquement, dans
le système actuel, une montagne de produits
invendus. Si les produits se vendent tant bien
que mal malgré tout, c’est qu’on a à la place
une montagne de dettes! En effet, puisque les
gens n’ont pas assez d’argent, les marchands
doivent encourager les ventes à crédit pour
écouler leur marchandise. Mais cela ne suffit pas pour combler le
manque de pouvoir d’achat.
Alors on insistera sur le besoin de travaux qui distribueront des
salaires sans augmenter la quantité de biens consommables mis
en vente: les travaux publics (construction ou réparation de ponts
ou de routes), la production d’armements de guerre (sous-marins,
frégates, avions, etc.). Mais tout cela ne suffit pas non plus.
Alors chaque pays cherchera à avoir une «balance commer-
ciale favorable», c’est-à-dire exporter, vendre à l’étranger plus de
produits qu’on en reçoit, pour obtenir ainsi de l’étranger de l’argent
qui servira à combler notre pouvoir d’achat déficient et acheter nos
propres produits. Or, il est impossible pour tous les pays d’avoir
une «balance commerciale favorable»: si certains pays réussissent
à exporter plus de produits qu’ils en importent, ça prend nécessai-
rement aussi, en contrepartie, des pays qui reçoivent plus de pro-
duits qu’ils en envoient. Mais comme tous les pays veulent vendre
à l’étranger plus de produits qu’ils en reçoivent, cela cause entre
ces pays des conflits commerciaux, qui peuvent même dégénérer
en conflits armés.