Page 238 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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238   Annexe E

            S’il en est ainsi, j’insiste, disons-le sans peur : nous voulons
        un changement, un changement réel, un changement de struc-
        tures. On ne peut plus supporter ce système, les paysans ne le
        supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les commu-
        nautés ne le supportent pas, les peuples ne le supportent pas... Et
        la Terre non plus ne le supporte pas, la sœur Mère Terre comme
        disait saint François.
            Nous voulons un changement dans nos vies, dans nos quar-
        tiers, dans le terroir, dans notre réalité la plus proche; également
        un changement qui touche le monde entier parce qu’aujourd’hui
        l’interdépendance  planétaire  requiert  des réponses globales  aux
        problèmes locaux.  La globalisation  de l’espérance,  qui naît  des
        peuples et s’accroît parmi les pauvres, doit substituer cette globa-
        lisation de l’exclusion et de l’indifférence! Je voudrais aujourd’hui
        réfléchir avec vous sur le changement que nous voulons et dont
        nous avons besoin. Vous savez que récemment j’ai écrit sur les pro-
        blèmes du changement climatique. (L'encyclique Laudato Si, voir
        l’annexe D en page 220.) ...
            Aujourd’hui, la communauté scientifique accepte ce que de-
        puis longtemps de simples gens dénonçaient déjà: on est en train
        de causer des dommages peut-être irréversibles à l’écosystème.
        On est en train de châtier la terre, les peuples et les personnes de
        façon presque sauvage. Et derrière tant de douleur, tant de mort
        et  de  destruction,  se sent l’odeur  de  ce  que Basile  de  Césarée
        appelait «le fumier du diable»; l’ambition sans retenue de l’argent
        qui commande. Le service du bien commun est relégué à l’arrière-
        plan. Quand le capital est érigé en idole et commande toutes les
        options des êtres humains, quand l’avidité pour l’argent oriente
        tout le système socio-économique, cela ruine la société, condam-
        ne l’homme, le transforme en esclave, détruit la fraternité entre
        les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme
        nous le voyons, met même en danger notre maison commune....
            Nous  souffrons d’un  certain  excès  de  diagnostic  qui  nous
        conduit parfois à un pessimisme charlatanesque ou à nous com-
        plaire dans le négatif. En considérant la chronique noire de chaque
        jour, nous croyons qu’il n’y a rien à faire sauf prendre soin de soi-
        même ainsi que du petit cercle de la famille et de ceux qui nous
        sont chers.
            Que puis-je faire, moi, depuis mon bidonville, depuis ma ca-
        bane, de mon village, de ma ferme quand je suis quotidiennement
        discriminé et marginalisé? Que peut faire cet étudiant, ce jeune, ce
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