Page 243 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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«Non à une économie d’exclusion» 243
jeune sans des possibilités, aucun vieillard sans une vieillesse vé-
nérable.
Voici maintenant des extraits du discours du Pape François le
28 octobre 2014, lors de la première rencontre mondiale des mou-
vements populaires, qui s’était tenue au Vatican:
On ne peut affronter le scandale de la pauvreté en promouvant
des stratégies de contrôle qui ne font que tranquilliser et transfor-
mer les pauvres en des êtres apprivoisés et inoffensifs. Qu’il est
triste de voir que, derrière de présumées œuvres altruistes, on ré-
duit l’autre à la passivité, on le nie ou, pire encore, se cachent des
affaires et des ambitions personnelles: Jésus les définirait hypocri-
tes...
Notre rencontre répond à un désir très concret, quelque
chose que n’importe quel père, n’importe quelle mère, veut pour
ses enfants: un désir qui devrait être à la portée de tous, mais
qu’aujourd’hui, nous voyons avec tristesse toujours plus éloigné de
la majorité des personnes : terre, logement et travail. C’est étrange,
mais si je parle de cela, certains pensent que le Pape est commu-
niste. On ne comprend pas que l’amour pour les pauvres est au
centre de l’Évangile. Terre, logement et travail, ce pour quoi vous
luttez, sont des droits sacrés. Exiger cela n’est pas du tout étrange,
c’est la doctrine sociale de l’Église...
Aujourd’hui une nouvelle dimension s’ajoute au phénomène
de l’exploitation et de l’oppression, une nuance imagée et dure de
l’injustice sociale; ceux qui ne peuvent pas s’intégrer, les exclus
sont des rebuts, des «excédents». C’est la culture du rebut, et sur
ce point je voudrais ajouter quelque chose que je n’ai pas écrit ici,
mais qui vient de me venir à l’esprit. Cela arrive quand au centre
d’un système économique se trouve le Dieu argent et non l’hom-
me, la personne humaine. Oui, au centre de tout système social ou
économique doit se trouver la personne, image de Dieu, créée pour
être le dénominateur de l’univers. Quand la personne est déplacée
et qu’arrive le dieu argent se produit ce renversement des valeurs...
J’ai dit il n’y a pas longtemps, et je le répète, que nous vivons
la troisième guerre mondiale, mais fragmentée. Il existe des systè-
mes économiques qui doivent faire la guerre pour survivre. Alors
on fabrique et on vend des armes et ainsi les bilans des économies
qui sacrifient l’homme sur l’autel de l’idole de l’argent réussissent
évidemment à se rétablir. Et l’on ne pense pas aux enfants affamés
dans les camps de réfugiés, on ne pense pas aux séparations for-
cées, on ne pense pas aux maisons détruites, on ne pense même