Page 241 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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«Non à une économie d’exclusion» 241
antérieure à la propriété privée. La propriété, surtout quand elle
affecte les ressources naturelles, doit toujours être en fonction
des nécessités des peuples. Et ces nécessités ne se limitent pas
à la consommation. Il ne suffit pas de laisser tomber quelques
gouttes quand les pauvres agitent cette coupe qu’ils ne se ser-
vent jamais eux-mêmes. Les plans d'assistance qui s'occupent de
certaines urgences devraient être pensés seulement comme des
réponses passagères. Ils ne pourront jamais substituer la vraie
inclusion : celle-là qui donne le travail digne, libre, créatif, partici-
patif et solidaire.
Sur ce chemin, les mouvements populaires ont un rôle essen-
tiel, non seulement en exigeant et en réclamant, mais fondamen-
talement en créant. Vous êtes des poètes sociaux : des créateurs
de travail, des constructeurs de logements, des producteurs de
nourriture, surtout pour ceux qui sont marginalisés par le marché
mondial.
J'ai connu de près diverses expériences où les travailleurs, unis
dans des coopératives et dans d'autres formes d'organisation com-
munautaire, ont réussi à créer un travail là où il y avait seulement
des restes de l'économie idolâtre. Les entreprises récupérées, les
marchés aux puces et les coopératives de chiffonniers sont des
exemples de cette économie populaire qui surgit de l'exclusion et,
petit à petit, avec effort et patience, adopte des formes solidaires
qui la rendent digne. Que cela est différent de l’exploitation des
marginalisés du marché formel comme des esclaves!
Les gouvernements qui assument comme leur la tâche de met-
tre l'économie au service des peuples doivent promouvoir le raf-
fermissement, l'amélioration, la coordination et l'expansion de ces
formes d'économie populaire et de production communautaire.
Cela implique d’améliorer les processus de travail, de pourvoir une
infrastructure adéquate et de garantir tous les droits aux travailleurs
de ce secteur alternatif. Quand l'État et les organisations sociales
assument ensemble la mission des 3 T, s'activent les principes de
solidarité et de subsidiarité qui permettent d'édifier le bien commun
dans une démocratie pleine et participative.
La deuxième tâche est d'unir nos peuples sur le chemin de la
paix et de la justice. Les peuples du monde veulent être artisans
de leur propre destin. Ils veulent conduire dans la paix leur marche
vers la justice. Ils ne veulent pas de tutelles ni d'ingérence où le plus
fort subordonne le plus faible. Ils veulent que leur culture, leur lan-
gue, leurs processus sociaux et leurs traditions religieuses soient