Page 242 - La démocratie économique vue à la lumière de la doctrine sociale de l'Église
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242 Annexe E
respectés. Aucun pouvoir de fait ou constitué n'a le droit de priver
les pays pauvres du plein exercice de leur souveraineté et, quand
on le fait, nous voyons de nouvelles formes de colonialisme qui
affectent sérieusement les possibilités de paix et de justice parce
que «La paix se fonde non seulement sur le respect des droits de
l'homme, mais aussi sur les droits des peuples particulièrement le
droit à l'indépendance» (Compendium de la Doctrine Sociale de
l’Église, n. 157)...
Le nouveau colonialisme adopte des visages différents. Parfois,
c'est le pouvoir anonyme de l'idole argent: des corporations, des
prêteurs sur gages, quelques traités dénommés «de libre commer-
ce»’ et l'imposition de mesures d’«austérité» qui serrant toujours
la ceinture des travailleurs et des pauvres. Les évêques latino-
américains le dénoncent avec une clarté totale dans le document
d'Aparecida quand ils affirment: «Les institutions financières et les
entreprises transnationales se fortifient au point de subordonner
les économies locales, surtout, en affaiblissant les États, qui ap-
paraissent de plus en plus incapables de conduire des projets de
développement au service de leurs populations» (5ème Conféren-
ce Générale de l’Episcopat Latino-américain, 2007, Document de
Conclusion, Aparecida, n. 66.)...
Le colonialisme, nouveau et ancien, qui réduit les pays pauvres
en de simples fournisseurs de matière première et de travail bon
marché, engendre violence, misère, migrations forcées et tous les
malheurs qui vont de pair… précisément parce que, en ordonnant
la périphérie en fonction du centre, le colonialisme refuse à ces
pays le droit à un développement intégral. C’est de l’injustice et
l’injustice génère la violence qu’aucun recours policier, militaire ni
aucun service d'intelligence ne peut arrêter.
Disons NON aux vieilles et nouvelles formes de colonialisme.
Disons OUI à la rencontre entre les peuples et les cultures. Bien-
heureux les artisans de paix.
Pour finir, je voudrais vous dire de nouveau: l'avenir de l'huma-
nité n'est pas uniquement entre les mains des grands dirigeants,
des grandes puissances et des élites. Il est fondamentalement dans
les mains des peuples; dans leur capacité à s’organiser et aussi
dans vos mains qui arrosent avec humilité et conviction ce pro-
cessus de changement. Je vous accompagne. Disons ensemble de
tout cœur : aucune famille sans logement, aucun paysan sans ter-
re, aucun travailleur sans droits, aucun peuple sans souveraineté,
aucune personne sans dignité, aucun enfant sans enfance, aucun