Page 274 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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272        33. Une finance saine et efficace

        contraire, le bon écoulement d’une production ‘in entravée’ devrait
        faire baisser les prix.
        Voulez-vous dire  que,  sous un système  financier  créditiste,  le
            marchand ne ferait plus de profit, ou que son profit serait pla-
            fonné ?
            Non point. Mais le profit du marchand ne devrait pas dépendre
        d’une hausse des prix. Son profit dépendrait plutôt du volume de
        ses ventes. Avec un pourcentage de profit modéré et déterminé
        d’avance selon le commerce, plus il vendrait d’articles, plus son
        profit serait gros. Dans une économie non monopolistique, mais
        concurrentielle, ce sont les marchands donnant les meilleurs ser-
        vices à la clientèle qui réaliseraient le plus de profits, sans pour cela
        dépasser le pourcentage de profit par article. C’est donc le pour-
        centage, non le volume, du profit qui doit être réglementé, convenu
        pour chaque ligne de commerce.
            La société est en droit d’exiger cela des commerçants, puisque,
        premièrement, elle fournit sans frais l’avance de crédit nécessaire
        pour acquitter leurs factures, et puisque, deuxièmement, elle as-
        sure en tout temps en face des produits offerts un total de pouvoir
        d’achat équilibrant le total des prix.
            Par le fait que la société a fourni au marchand le crédit néces-
        saire pour payer les produits qu’il prend en stock, la société se
        trouve en quelque sorte propriétaire de ces produits, le marchand
        n’en étant plus, pour ainsi dire, que le dépositaire chargé de les
        écouler. Il est juste que la société récompense le marchand pour
        cet écoulement, mais sans lui permettre d’exploiter les acheteurs.
            C’est  donc  la  société  qui  va  fournir au  marchand  son  profit,
        non plus en crédit avancé qu’il devrait rembourser, mais en cash
        credit, en moyens de paiement qui seront la propriété personnelle
        du marchand.
            Le marchand, tout en gardant  intégralement  son commerce
        privé et le conduisant sans entraves, se trouve tout de même être,
        en quelque sorte, un agent de la communauté pour la distribution
        des produits. Exactement comme le producteur, tout en conservant
        pleinement son entreprise privée, se trouve être, en quelque sorte,
        un agent de la communauté pour la mise en oeuvre du crédit réel,
        de la capacité productive du pays. Exactement, encore, comme le
        banquier, tout en conservant la propriété privée de son entreprise
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