Page 271 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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33. Une finance saine et efficace 269
rêt, qu’il faut pour solder les frais complets relatifs à cette produc-
tion nouvelle.
Pour cela, on peut utiliser, en la perfectionnant, une méthode
de finance assez répandue chez les détaillants: des paiements
avancés par l’intermédiaire de la banque. Aujourd’hui, en effet, la
plupart des détaillants acquittent leurs factures aux grossistes par
des chèques «à découvert». C’est-à -dire que, par entente convenue
entre le détaillant et son banquier, la banque honore ces chèques,
même quand le compte du détaillant à la banque n’a pas de fonds
suffisants. C’est comme une avance de crédit à demande, à mesure
des besoins du marchand détaillant, jusqu’à une certaine limite qui
constitue pour lui sa «ligne de crédit». C’est bien commode, vu que,
de son côté, le grossiste désire être payé sans délai pour rencontrer
ses propres obligations.
Dans le livre de la banque, ces avances de crédit s’inscrivent
en débit au compte du marchand détaillant. A mesure qu’il vendra
ses produits, il devra apporter le fruit de ses ventes à la banque
pour renflouer son compte autant que possible, à la satisfaction
du banquier, sans jamais laisser son compte tomber en dessous
de la ligne convenue. Il s’agit donc, en réalité, d’une suite de prêts
et de remboursements, par entente mutuelle. Et sous le présent
système financier, le banquier charge des frais au détaillant pour ce
service. Ces frais sont un intérêt calculé sur le montant et la durée
des déficits.
Eh bien, sous le système proposé pour la finance de la pro-
duction nouvelle par du crédit nouveau, le marchand détaillant
acquitterait toutes ses factures relatives à cette production par des
avances de crédit obtenues du banquier, et sans aucune charge
d’intérêt. Voilà qui devrait facilement être agréé par tous les dé-
taillants.
Dans l’exemple ci-dessus, le détaillant obtien drait de sa banque
une avance de crédit de 4400 $, libre de tout intérêt. La banque à
charte tirerait toutes les sommes à ces fins, elle aussi sans frais, de
la Banque centrale, source du crédit. (Il s’agit, ne l’oublions pas,
d’un système financier social, qui s’assouplit au réel, fournissant
les crédits au rythme de la production, et les rappelant au rythme
de la consommation.)
Mais pourquoi cette différence entre le cas du producteur, qui doit
payer de l’intérêt sur ses emprunts, et le cas du détaillant qui,