Page 130 - Une lumière sur mon chemin - Louis Even
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128 20. Le Jubilé d’Or du Crédit Social

        industrielles. Douglas  saisit immédiatement  tout le mal qui en
        résultait inévitablement  non seulement  pour les consommateurs
        individuels mais pour tout le corps social. Il y avait là un sujet de
        grande importance qui méritait d’être approfondi. Et Douglas s’ap-
        pliqua à l’approfondir.
           Il s’engagea  dans cette  étude du système économique  et  du
        système financier actuels, en y apportant un esprit de philosophe
        et d’ingénieur.  Esprit de philosophe, pour voir en quoi les moyens
        servaient ou trahissaient les fins, en quoi les fins elles-mêmes du
        système sont ou non motivées par les aspirations fondamentales
        des hommes en regard des possibilités d’y répondre.  Il examina
        cela aussi en ingénieur, pour découvrir les entraves et les vices du
        système, et suggérer les modifications les plus pratiques et les plus
        efficaces pour y remédier sans révolution, sans bouleversement,
        sans heurts, sans accrocs à la dignité et à la liberté de l’individu,
        sans  intrusions des  gouvernements  dans  des  fonctions  relevant
        des personnes, des familles, des associations libres.
                      Comme «Mater et Magistra»

           D’ailleurs, tout l’enseignement de Douglas
        témoigne d’un culte indéfectible à l’égard de
        la liberté  personnelle,  de l’initiative  privée
        et  de la responsabilité  liée  à  la fonction. Ce
        qui ne veut nullement dire que l’individu soit
        laissé à ses seules ressources. Au contraire, il
        doit pouvoir jouir de sa part des bénéfices ré-
        sultant de la vie en société, qu’il s’agisse d’as-
        sociation libre ou de la grande communauté      Jean XXIII
        nationale.  De plus en plus, la richesse pro-
        duite provient des fruits du progrès, de l’héritage de découvertes,
        de réalisations, de savoir-faire, accrus et transmis d’une génération
        à l’autre, grâce à la vie en société. C’est même le facteur prépondé-
        rant de la production moderne. Un grand capital réel dont tous sont
        cohéritiers, et qui doit bien donner à chaque personne vivante un
        titre à une partie de l’accroissement de production qui en résulte.
           Le système actuel de distribution ne reconnaît pas ce droit. Les
        gouvernements sont obligés d’intervenir, par une lourde et boiteuse
        fiscalité, pour atténuer maladroitement les effets de cette injustice
        de la société envers tous les associés, de la communauté nationale
        envers tous les citoyens.
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