Page 75 - Sous le Signe de l'Abondance
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Le crédit national  5

        ont dans la capacité de rembourser de la province. Quant au crédit
        réel de la province, il reste le même, que les banquiers soient ac-
        cueillants ou qu’ils restent sévères.
            La finance devant être au service des réalités, le crédit finan-
        cier devrait être en rapport avec le crédit réel.
            Ce n’est, hélas! pas le cas. Ainsi, le Canada n’avait point perdu
        son crédit réel, sa capacité de produire, en 1930; et pourtant il per-
        dit sa capacité de fournir l’argent où il était requis.
            C’est la disjonction, le divorce, entre le crédit réel et le crédit
        financier qui fausse la vie économique.
            Le crédit réel est fiable: il est l’oeuvre conjointe de la Providen-
        ce, du travail des hommes, des progrès de la science appliquée. Le
        crédit financier connaît toutes les sautes; il dépend de l’action des
        banques,  et  l’action  des  banques,  poursuivant  le  profit  des  ban-
        quiers plus que le bien de tout le monde, est d’ailleurs soumise
        à des influences d’ordre international, nullement en rapport avec
        les faits de la production ni avec les besoins de la consommation.
        La crise de 1930 à 1940 fut une crise d’ordre financier, sur un plan
        international.
                     Monnayage vicié du crédit réel

            En réalité, tout prêt par les banques est basé sur du crédit réel.
        C’est la capacité de produire et livrer des biens vendables qui fait
        de l’emprunteur un sujet fiable pour le banquier.
            Le  prêt  des  banques,  inscrit  au  crédit  de  l’emprunteur,  nous
        l’avons vu, fait office d’argent. C’est du crédit bancaire, basé sur le
        crédit réel.
            Le crédit bancaire, ou argent scriptural, est le monnayage par
        le banquier du crédit réel de l’emprunteur. S’il s’agit d’un prêt au
        gouvernement, c’est le monnayage du crédit réel du pays.
            Le  monnayage  du  crédit  réel  est  nécessaire.  Mais,  le  mon-
        nayage ainsi fait par les banques comporte un vice fondamental.
        Par un privilège inconcevable, elles monnayent le crédit réel des
        autres et se constituent propriétaires de l’argent ainsi créé, qu’el-
        les prêtent, en les endettant, aux auteurs du crédit réel.
            De plus, ce monneyage du crédit réel crée une monnaie tempo-
        raire, qui doit être retirée et détruite à terme fixé d’avance, même
        lorsque le crédit réel qui lui sert de base continue d’exister.
            Prenez le cas d’un industriel qui emprunte pour construire une
        usine. Il obtient un crédit à rembourser, disons, dans les cinq ans.
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