Page 41 - Sous le Signe de l'Abondance
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Naissance et mort de l’argent 41
Le banquier a bel et bien créé 100 000 $ d’argent nouveau,
sous forme de crédit, sous forme d’argent de comptabilité: argent
scriptural, aussi bon que l’autre.
Le banquier n’est pas effrayé de cela. Mes chèques vont donner
à ceux pour qui je les fais le droit de tirer de l’argent de la banque.
Mais le banquier sait bien que les neuf-dixièmes de ces chèques
auront simplement pour effet de faire diminuer mon compte et
augmenter le compte d’autres personnes. Il sait bien qu’il lui suffit
d’une piastre sur dix pour répondre aux demandes de ceux qui
veulent de l’argent en poche. Il sait bien que s’il a 10 000 $ en ré-
serves liquides, il peut prêter 100 000 $ (dix fois autant) en argent
de comptabilité.
Note: Le paragraphe qui précède a été écrit en 1946. La pro-
portion d’une piastre sur dix a augmenté depuis. En 1967, la Loi
canadienne des Banques permettait aux banques à charte de créer
seize fois le montant de leurs réserves en numéraire (billets de
banque et pièces de monnaie). Depuis 1980, les banques devaient
détenir une réserve minimale de 5% en argent liquide, ce qui leur
donnaient le droit de créer vingt fois ce montant.
En pratique, les banques peuvent prêter beaucoup plus que
cela, car elles peuvent augmenter leurs réserves en numéraire
(billets de banque) à volonté en achetant ces réserves de la banque
centrale (Banque du Canada) avec l’argent de comptabilité qu’el-
les ont créé. Ainsi, il a été établi en 1982, devant un Comité d’en-
quête de la Chambre des Communes sur les profits des banques,
qu’en 1981, les banques à charte canadiennes dans leur ensemble
avaient prêté 32 fois leur capital. En 1990, aux Etats-Unis, le total
des dépôts dans les banques commerciales s’élevait à 3 000 mil-
liards $, tandis que leurs réserves en argent liquide s’élevait à 60
milliards $ seulement, soit cinquante fois moins.
En décembre 1991, le Parlement canadien adoptait la plus ré-
cente version de la Loi sur les banques (qui est renouvelée environ
tous les dix ans), qui stipulait qu’à partir de janvier 1994, le pour-
centage d’argent liquide que les banques doivent posséder pas-
sait à zéro pour cent! Ainsi, pour le troisième trimestre de 1995,
les banques canadiennes avaient prêté plus de soixante-dix fois
leurs réserves: pour 3,1 milliards de dollars en billets de banque
et pièces de monnaie, le total des prêts non-hypothécaires, pour
la même période, était de 216 milliards $, soit soixante-dix fois
le montant d’argent liquide existant dans le pays! (Et en 1997, ce
chiffre monte à 100 fois.)