Page 250 - Sous le Signe de l'Abondance
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250 Chapitre 49
Tout d’abord, dans le but de discréditer les greenbacks, les
banquiers persuadèrent le Congrès de voter , en février 1862, la
«Clause d’Exception», qui stipulait que les greenbacks ne pou-
vaient être utilisés pour payer l’intérêt sur la dette nationale. En-
suite, ayant financé l’élection d’assez de sénateurs et de députés,
les banquiers firent voter par le Congrès en 1863 le retrait de la loi
des Greenbacks et son remplacement par le National Banking Act
(Loi des Banques Nationales, où l’argent serait créé avec intérêt par
des compagnies privées).
Cette loi stipulait aussi que les greenbacks seraient immédia-
tement retirés de la circulation aussitôt leur retour au Trésor pour
paiement des taxes. Lincoln protesta énergiquement, mais son ob-
jectif le plus pressant était de gagner la guerre et de sauver l’Union,
ce qui l’obligea à remettre après la guerre le veto qu’il projetait
contre cette loi et l’action qu’il entendait prendre contre les ban-
quiers. Lincoln déclara tout de même:
«J’ai deux grands ennemis: l’armée du Sud en face et les ban-
quiers en arrière. Et des deux, ce sont les banquiers qui sont mes
pires ennemis.»
Lincoln fut réélu Président en 1864 et fit clairement savoir qu’il
s’attaquerait au pouvoir des banquiers une fois la guerre terminée.
La guerre se termina le 9 avril 1865, mais Lincoln fut assassiné cinq
jours plus tard, le 14 avril. Une formidable restriction du crédit s’en-
suivit, organisée par les banques. L’argent en circulation dans le
pays, qui était de 1907 millions $ en 1866, soit 50,46 $ pour chaque
Américain, tomba à 605 millions $ en 1876, soit 14,60 $ par Amé-
ricain. Résultat: en dix ans, 54 446 faillites, pertes de 2 milliards $.
Cela ne suffisant pas, on alla jusqu’à réduire la circulation d’argent
à 6,67 $ par tête en 1867!
William Jennings Bryan:
«Les banques doivent se retirer»
L’exemple de Lincoln demeurait néanmoins
dans plusieurs esprits, même jusqu’en 1896.
Cette année-là, le candidat démocrate à la pré-
sidence était William Jennings Bryan, et encore
une fois, les livres d’histoire nous disent que ce
fut une bonne chose qu’il ne fut pas élu prési-
dent, car il était contre la monnaie «saine» des
banquiers, l’argent créé sous forme de dette, et W. Jennings Bryan
contre l’étalon-or: