Page 248 - Sous le Signe de l'Abondance
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24    Chapitre 49

        se montrera sage en renonçant à l’usage d’un expédient aussi sé-
        duisant et dangereux, soit d’émettre son propre papier-monnaie.»
        Hamilton leur fit aussi accroire que seul l’argent-dette des banques
        privées était valable pour les transactions avec les pays étrangers.
            Thomas Jefferson, le Secrétaire d’Etat, était fortement oppo-
        sé à ce projet, mais le président Washington se laissa finalement
        convaincre par les arguments d’Hamilton. Une banque nationale fut
        donc créée en 1791, la «Bank of the United States», avec une charte
        d’une durée de 20 ans. Quoique nommée «Banque des Etats-Unis»,
        elle était plus véritablement la «banque des banquiers», puisqu’elle
        n’appartenait pas du tout à la nation, au gouvernement américain,
        mais aux individus détenteurs des actions de la banque, les ban-
        quiers privés. Le nom de «banque des Etats-Unis» fut délibérément
        choisi dans le but de laisser croire à la population américaine qu’el-
        le était propriétaire de la banque, ce qui n’était pas du tout le cas.
        La charte expira en 1811 et le Congrès vota contre son renouvelle-
        ment, grâce à l’influence de Jefferson et d’Andrew Jackson:
            «Si le Congrès, dit Jackson, a le droit d’après la Constitution
        d’émettre du papier-monnaie, ce droit leur a été donné pour être
        utilisé par eux seuls, non pas pour être délégué à des individus ou
        des compagnies privées.»
            Ainsi se terminait l’histoire de la première Banque des Etats-
        Unis, mais les banquiers n’avaient pas dit leur dernier mot.
                  Les banquiers déclenchent la guerre
            Nathan Rothschild, de la Banque d’Angleterre, lança un ultima-
        tum: «Ou bien le renouvellement de la charte est accordé, ou bien
        les Etats-Unis sont impliqués dans une guerre très désastreuse.»
        Jackson et les patriotes américains ne se doutaient pas que le pou-
        voir des banquiers pouvait s’étendre jusque-là. «Vous êtes un re-
        paire de voleurs, de vipères, leur dit le président Jackson. J’ai l’in-
        tention de vous déloger, et par le Dieu Eternel, je le ferai!» Nathan
        Rothschild émit des ordres: «Donnez une leçon à ces impudents
        Américains. Ramenez-les au statut de colonie.»
            Le gouvernement anglais déclencha la guerre de 1812 contre
        les Etats-Unis. Le plan de Rothschild était d’appauvrir les Améri-
        cains par la guerre à un tel point qu’ils seraient obligés de demander
        de l’aide financière... qui bien sûr ne serait accordée qu’en retour
        du renouvellement de la charte de la «Bank of the United States». Il
        y eut des milliers de morts, mais qu’importe à Rothschild? Il avait
        atteint son but: la charte fut renouvelée en 1816.
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