Page 219 - Sous le Signe de l'Abondance
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Crédit Social et commerce international 219
2. La valeur de l’unité monétaire de chaque pays est instable
par rapport à elle-même.
Première difficulté aplanie
Un pays, le Canada, par exemple, voudra exporter des produits
pour 2000 millions de piastres; mais il essaiera, par des barrières
tarifaires ou autrement, de limiter ses importations à 1500 millions.
Il veut envoyer à l’étranger des produits pour 500 millions de plus
qu’il n’en reçoit. Pas par charité: il demande paiement. Mais il lui
répugne d’accepter des produits en paiement, parce qu’il veut que
ses nationaux restent bien occupés, qu’ils aient de l’ouvrage leur
donnant des salaires pour acheter les produits qui restent.
Les créditistes ont depuis longtemps compris et dénoncé cette
politique aussi abaurde qu’antinaturelle. Mais tant qu’on continuera
à vouloir que le droit au produit vienne par les salaires seulement,
tant qu’on ne voudra pas le compléter par des dividendes pour
le hausser au niveau de la production offerte, on continuera de
chercher à l’étranger du pouvoir d’achat qui manque aux consom-
mateurs du pays; on continuera de faire pression pour vendre à
l’étranger des produits dont les nationaux ont besoin mais qu’ils
ne peuvent payer. Par l’exportation plus forte que l’importation, on
diminue la somme de produits en face de la somme d’argent, au
lieu de consentir à augmenter l’argent en face des produits.
Ainsi respecte-t-on le règlement qui ne veut pas d’autre source
de pouvoir d’achat que la contribution personnelle à la production.
Comme tous les pays, jusqu’ici, s’en sont tenus à ce règlement,
tous ont cherché à exporter aux autres plus qu’ils importaient des
autres. D’où des frictions économiques qui nuisent au commerce
international et conduisent aux frictions politiques, avec les dé-
nouements tragiques qu on sait.
Le Crédit Social, en mettant dans le pays tout l’argent qu’il faut
pour acheter toute la production du pays, fait disparaître cette folle
furie. Le pays créditiste est prêt à exporter ses surplus, mais de-
mande en retour la même quantité de surplus des autres. Les gens
du pays créditiste ont de quoi acheter ce qui vient, avec l’argent
qui aurait acheté ce qui s’en va. Et le pays étranger est heureux de
trouver cette facilité avec le pays créditiste.
Le Crédit Social fait donc disparaître la première cause de fric-
tion dans le commerce international, au moins dans le pays qui
adopte le régime créditiste; le commerce entre ce pays et tous les
autres est immédiatement adouci et favorisé.