Page 212 - Sous le Signe de l'Abondance
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212   Chapitre 42

        pont prévoient qu’il durera 50 ans; ce pont perdra donc un cinquan-
        tième de sa valeur à chaque année. Puisqu’il a coûté 50 millions $ à
        construire, il subira donc une dépréciation d’un million $ par année.
        C’est donc un million de dollars qui devront être retirés de la circu-
        lation à chaque année, pendant 50 ans. Au bout de 50 ans, le pont
        sera complètement payé, sans un sou d’intérêt ni de dette.
            Est-ce que ce retrait d’argent se fera par les taxes? Non, cela
        n’est nullement nécessaire, dit Douglas, le concepteur du système
        du Crédit Social. Il existe une autre méthode bien plus simple pour
        retirer cet argent de la circulation, celle de l’ajustement des prix
        (appelé aussi escompte compensé).
            D’ailleurs, sous un système de crédit social, les taxes diminue-
        raient de façon drastique, et la plupart disparaitraient tout simple-
        ment.  Le  juste  principe  à  observer,  c’est  que  les  gens  ne  paient
        que pour ce qu’ils consomment. Par contre, il serait injuste de faire
        payer à la population de tout le pays des services qui ne sont offerts
        que dans une rue ou une municipalité, comme le service d’eau,
        d’égoût ou de vidange; ce sont ceux qui bénéficient de ces services
        qui auraient à payer la municipalité qui les fournit.
                           L’ajustement des prix
            De  quelle  manière  cet  ajustement  des  prix  fonctionnerait-il?
        L’Office National de Crédit serait chargé de tenir une comptabilité
        exacte de l’actif et du passif de la nation, ce qui ne nécessiterait que
        deux colonnes: d’un côté, on inscrirait tout ce qui est produit dans
        le pays durant la période en question (l’actif), et de l’autre, tout ce
        qui est consommé (le passif). Le 1 million $ de dépréciation annuel-
        le du pont, de l’exemple mentionné plus haut, serait donc inscrit
        dans la colonne «passif» ou «consommation», et ajouté à toutes les
        autres formes de consommation ou disparition de richesse durant
        l’année.
            Douglas fait aussi remarquer que le vrai coût de la production,
        c’est la consommation. Dans l’exemple du pont, le prix comptable
        était de $50 millions. Mais le prix réel du pont, c’est tout ce qu’il
        a fallu consommer pour le produire. S’il est impossible de déter-
        miner pour un seul produit quel a été son prix réel, on peut, par
        contre, facilement savoir quel a été, durant une année, le prix réel
        de toute la production du pays: c’est tout ce qui a été consommé
        dans le pays durant la même période.
            Ainsi, si les comptes nationaux du Canada montrent que, dans
        une année, la production privée, la production de biens consom-
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