Page 15 - Sous le Signe de l'Abondance
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Quelques principes 15
La fin, c’est le but visé, l’objectif poursuivi.
Les moyens, ce sont les procédés, les méthodes, les actes po-
sés pour atteindre la fin.
Je veux fabriquer une table. Ma fin, c’est la fabrication de la
table. Je vais chercher des planches, je les mesure, je les scie, je
les rabote, je les ajuste, je les visse: autant de mouvements, d’actes
qui sont des moyens pour fabriquer la table.
C’est la fin que j’ai en vue, la fabrication de la table qui me fait
décider des mouvements, de l’emploi des outils, etc. La fin gou-
verne les moyens. La fin existe dans mon esprit d’abord, même si
les moyens doivent être mis en oeuvre avant d’obtenir la fin. La fin
existe avant les moyens, mais elle n’est atteinte qu’après l’emploi
des moyens.
Cela paraît élémentaire. Mais il arrive que souvent, dans la
conduite de la chose publique, on prend les moyens pour la fin,
et l’on est tout surpris d’obtenir le chaos comme résultat. (Note de
l’éditeur: Cela nous rappelle ce que le Pape Jean-Paul II disait de-
vant l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York, le 2 octo-
bre 1979: «Je m’excuse de parler de questions qui pour vous, Mes-
dames et Messieurs, sont certainement évidentes. Il ne semble pas
inutile, toutefois, d’en parler car ce qui menace le plus souvent les
activités humaines c’est l’éventualité que, en les accomplissant, on
puisse perdre de vue les vérités les plus éclatantes, les principes
les plus élémentaires.»)
Faut-il d’autre exemple que ce sujet sur lequel nous revien-
drons: l’emploi. Que de législateurs prennent le travail comme fin
de la production et sont, par là, entraînés à démolir ou paralyser tout
ce qui produit en éliminant le labeur! S’ils considéraient le travail
comme moyen de produire, ils se contenteraient de la somme de
travail nécessaire pour obtenir la somme de production cherchée.
De même, le gouvernement n’est-il pas un moyen pour faciliter
la poursuite du bien commun de la province, de l’Etat; donc pour
servir, en fonction du bien commun, les personnes qui composent
l’association provinciale, la nation? Dans la pratique, pourtant,
considère-t-on le gouvernement comme existant pour le peuple,
ou le peuple pour le gouvernement?
On pourrait dire la même chose des systèmes. Les systèmes
ont été inventés et établis pour servir l’homme, non pas l’homme
créé pour servir les systèmes. Si donc un système nuit à la masse
des hommes, faut-il laisser souffrir la multitude pour le système, ou
altérer le système pour qu’il serve la multitude?