Page 111 - Du régime de dettes à la prospérité — J-Crate Larkin
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110 Chapitre 12
Cette objection, qui paraît très sérieuse, envisage mal le
Crédit Social qu’elle confond avec une simple augmentation
du volume de la monnaie. Ce système donne certainement
lieu à une augmentation du volume de la monnaie propor-
tionnellement à la production potentielle, immensément plus
élevée que la production limitée et paralysée d’aujourd’hui.
Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le mode d’émission
de la monnaie n’est plus le même; la création n’est plus le
fait d’un monopole privé. Ce qui fait la puissance des accapa-
reurs à laquelle l’objection fait allusion, c’est que ces mêmes
accapareurs contrôlent la création, l’émission, le retrait et la
destruction de la monnaie. C’est le contrôle de la monnaie qui
leur a permis de prendre le contrôle de l’industrie. Supprimez
leur contrôle de la monnaie, vous leur enlevez les armes de
l’oppression.
D’ailleurs, il faut bien situer le Crédit Social dans ses ca-
dres et l’on aura résolu une foule d’objections. Le Crédit Social
n’est pas un mode d’administration; ce n’est pas un change-
ment de mode de gouvernement. Il n’intervient en rien dans
le système politique. Ce n’est qu’une réforme monétaire, ré-
forme qui ne supprime pas la monnaie actuellement en cours,
ne touche aux acquisitions de personne, mais change simple-
ment le mode d’émission de la monnaie pour en faire le reflet
exact de la richesse réelle.
Si l’on s’en tient là, on cessera de taxer les crédidistes de
révolutionnaires, de philosophes nouveaux et d’autres jolis
épithètes de cette catégorie.
Nous voulons, pour plus d’une raison, terminer par une
citation de l’admirable encyclique Quadragesimo Anno:
«L’organisme économique et social sera sainement
constitué et atteindra sa fin, alors seulement qu’il procurera
à tous et à chacun de ses membres tous les biens que les res-
sources de la nature et de l’industrie, ainsi que l’organisation
vraiment sociale de la vie économique, ont le moyen de leur
procurer. Ces biens doivent être assez abondants pour satis-
faire aux besoins d’une honnête subsistance et pour élever
les hommes à ce degré d’aisance et de culture qui, pourvu
qu’on en use sagement, ne met pas obstacle à la vertu mais
en facilite au contraire singulièrement l’exercice.»
Louis EVEN